Dr Paul Frappé, Président du conseil scientifique du Congrès de la médecine générale. "Quand je vois dans les publicités qu’une désinfection complète de la maison - jusqu’aux bactéries qui se cachent sous la grille de l’évier- est un comportement de santé, ça me pose question sur notre communication sur le risque. Quand j’entends que la castration chimique pourrait résoudre la pédophilie et le viol, ça m’interpelle sur les illusions que transmet notre communication sur la causalité. Quand j’entends les discours autour de la liste noire de médicaments dangereux, quand j’entends dire que tout le monde devrait prendre tel médicament préventif miracle, quand je perçois une certaine tendance vers la criminalisation des comportements de santé qui ne correspondent pas aux standards, cela m’interpelle sur le manichéisme de notre communication en santé, et quelque part, sur notre capacité à créer nous-mêmes les obstacles à nos prises en charge. Il est temps de s’autoriser le risque. Il est temps de pondérer efficacement nos communications sur les pathologies et les interventions. A quand par exemple de véritables étiquettes santé sur les boîtes de médicaments, comme les étiquettes nutritionnelles, indiquant d’un coup d’œil la force d’action, le niveau de risque et leur niveau de certitude ? Quand je vois le sentiment de délaissement des personnes qui n’obtiennent pas d’ambulance pour un accouchement à terme ou une épistaxis persistante alors qu’un proche peut les conduire, quand je vois le sentiment de dévalorisation des personnes qui sont orientées vers la maison médicale pour une pathologie urgente qui ne nécessite pas le plateau technique hospitalier -comme une douleur dentaire ou une cystite simple-, quand je vois la frustration des patients qui souhaiteraient avoir tous les examens complémentaires pour obtenir une réponse immédiate et qui s’entendent dire que l’on va adopter une démarche pas à pas, je crois qu’il y a un besoin de démystifier l’urgent, l’extraordinaire et le grave, et de revaloriser le quotidien, le banal et le lent. Quand j’entends en régulation centre 15 des patients qui appellent pour savoir si la pharmacie de garde fait telle marque de générique, je me dis qu’il est temps d’interdire la publicité de l’industrie en santé auprès de tous, médecins, journalistes et patients. Enfin, quand je rencontre des étudiants et des confrères qui ont toutes les peines du monde pour accéder à l’information scientifique native, qui fait pourtant le lit de notre métier, je me dis qu’il est temps de libérer l’accès à l’information scientifique pour tous, médecins et patients".
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