Déremboursement des médicaments anti-Alzheimer : Buzyn a tranché malgré les pressions
"Je devrais dans les jours qui viennent annoncer effectivement le fait que nous suivons les recommandations de la Haute Autorité de santé" quant aux déremboursement des médicaments anti-Alzheimer, a annoncé Agnès Buzyn sur RTL. Une décision que l'association France Alzheimer a estimée "infondée et dangereuse".
"Il semblerait (...) que dans la balance économique, la qualité de vie des personnes malades et de leurs proches ne pèse pas très lourd", a écrit l'association dans un communiqué, avant même l'officialisation de la décision.
La commission de transparence de la HAS, qui évalue les médicaments en vue de leur remboursement, avait jugé en octobre 2016 que les quatre médicaments anti-Alzheimer (Aricept, Ebixa, Exelon, Reminyl) et leurs génériques avaient "un intérêt médical insuffisant pour justifier leur prise en charge". Cet avis, qui avait suscité l'inquiétude d'associations de malades, n'avait pas été suivi par la ministre de la Santé de l'époque, Marisol Touraine. Signe de l'imminence de l'annonce, la HAS vient de réévaluer l'ensemble de ces médicaments. Selon des documents mis en ligne sur son site vendredi, cette réévaluation confirme l'avis de la Commission de transparence: ils sont insuffisamment efficaces par rapport aux risques d'effets secondaires. "Si derrière le terme efficace, on entend guérir la maladie, bien entendu, ils ne le sont pas et ne l'ont jamais été. Par contre, si l'on parle d'un effet sur les symptômes des personnes malades, alors oui, ces médicaments sont efficaces", juge France Alzheimer. Selon l'association, "le déremboursement entrainerait une iniquité entre les familles les plus aisées et les plus démunies". "Au-delà de la question de l'efficacité, la prescription des médicaments participait grandement à maintenir un lien thérapeutique entre le médecin et le patient", fait-elle valoir. Le président de la fédération des entreprises du médicament, le Leem, a mis en garde ce mardi contre "des décisions à l'emporte-pièce" de dérembourser certains médicaments sans tenir compte du risque de reports de prescription vers d'autres produits plus néfastes. "Est-ce qu'on ne fait pas une ânerie quand on retire un remboursement faible, sachant que derrière on ne maîtrise pas très bien ce qu'il va se passer ?", s'est interrogé Patrick Errard . Ces médicaments sont remboursés à hauteur de 15%. En 2015, cela a représenté quelque 90 millions d'euros. "En enlevant la prise en charge d'un médicament dont l'efficacité pourrait être jugée faible, il ne faut pas que ceci entraîne des reports de prescription sur d'autres molécules dont l'efficacité ne serait pas forcément bien meilleure et la tolérance encore moins bonne", a prévenu le président du Leem. Pour les malades d'Alzheimer, face à l'absence d'alternatives thérapeutiques, "la tentation pourrait être grande d'avoir recours à des produits neuroleptiques ou autres classes d'antidépresseurs, ce qui ne semble pas être une bonne idée de l'avis des neurologues et gériatres", estime Patrick Errard. Un tel scénario s'est déjà produit: après le déremboursement en 2015 de plusieurs médicaments anti-arthrosiques, des reports de prescription vers des anti-inflammatoires ont été observés, alors que ces traitements ne sont "clairement pas bons" pour le cartilage, a-t-il illustré. [Avec AFP]
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