Une opération chirurgicale sous anesthésie générale produit plus de gaz à effet de serre qu’un trajet Paris-Lyon en voiture, écrit Le Figaro. Chacun de ces actes médicaux émettrait en moyenne entre 150 et 230 kg de CO2, contre "seulement" 120 kg pour traverser la moitié de la France en voiture, selon une étude publiée fin 2017 dans The Lancet. Les estimations des émissions de carbone ont été réalisées par une équipe de chercheurs canadiens, dans trois hôpitaux anglophones : l’hôpital général de Vancouver (Canada), le centre médical de l’université du Minnesota (États-Unis) et l’hôpital John Radcliffe (Royaume-Uni). Trois critères ont été retenus pour mesurer la production de CO2 : la consommation d’énergie (lumières, chauffage, etc.), l’émission de gaz anesthésiants (la pollution liée à ces gaz a été transposée en émission de CO2) et enfin, la production de déchets matériels des hôpitaux. Dans les trois cas, les gaz anesthésiques et la consommation d’énergie étaient la source principale d’émission de gaz à effet de serre. Dans les hôpitaux canadien et américain, les gaz étudiés (isoflurane, sevoflurane et desflurane, dits gaz halogénés) représentaient respectivement 63 % et 51 % des émissions des blocs opératoires. À l’inverse, au Royaume-Uni, ils ne représentaient que 4 % (alors que la consommation d’énergie comptait pour 84 %). "À cause de l’utilisation [du desflurane], les hôpitaux américains rejettent dix fois plus de gaz dans l’atmosphère que leurs homologues anglais, notent les chercheurs de l’étude, qui plaident pour une réduction de l’utilisation de ce gaz. "Le desflurane et le sevoflurane sont aussi utilisés dans les hôpitaux français. Tout comme le protoxyde d’azote (gaz non halogéné cette fois), non mentionné dans l’étude du Lancet et qui est pourtant extrêmement polluant", alerte le Dr Jane Muret, anesthésiste à l’Institut Curie, et coauteure du Guide pratique développement durable au bloc opératoire coédité par le Groupe développement durable de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar) et le C2DS (Comité développement durable en santé). Le patient ne métabolise qu’une toute petite partie de ces gaz. "On estime que plus de 95 % du gaz utilisé lors des opérations s’échappe en l’état, explique le Dr Jane Muret. Et pour éviter qu’ils ne restent dans la salle d’opération, les gaz sont évacués via des prises Sega (pour “système d’évacuation des gaz anesthésiques”). Ces prises les aspirent hors de la salle d’opération pour les rejeter directement à l’extérieur de l’hôpital. Les gaz s’échappent donc tels quels dans l’atmosphère", rapporte Le Figaro. Le Groupe développement durable de la Sfar essaye donc de promouvoir des pratiques plus durables. Il prône prioritairement une réduction de l’utilisation de certains gaz particulièrement polluants, comme le desflurane. "Certes, celui-ci est indiqué pour certains malades, mais pas pour tous, explique le Dr Jane Muret. En plus c’est économique, car ce gaz coûte plus cher que les autres." Aussi, au CHU de Bordeaux par exemple, le choix a été fait de supprimer le protoxyde d’azote et les nouveaux blocs opératoires ont été construits sans canalisations pour ce gaz. "À Grenoble, nous nous servons toujours du desflurane, témoigne le Dr Claire Chapuis, pharmacienne au CHU de Grenoble. Mais nous essayons de réduire son utilisation au profit du sevoflurane." Les anesthésistes-réanimateurs réfléchissent enfin à une méthode de recyclage des gaz halogénés, pour, à la fois, réduire l’empreinte carbone et faire des économies. Une entreprise canadienne a créé un dispositif, le Deltasorb, qui n’est pas encore disponible en France, pour capturer les gaz dans la salle d’opération, les purifier et les réutiliser. Avec lefigaro.fr
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