Après une longue procédure, un Genevois a obtenu une rente d’invalidité partielle (à 25%) de la part de l’Office fédéral de l’assurance militaire (OFAM). L’homme avait fait son école de recrues en juillet 1979, mais en entendant les premiers tirs, il avait complètement paniqué. Le médecin de troupe avait diagnostiqué une "dermatomycose" et une "névrose d’angoisse". Le patient a été licencié.
Neuf ans plus tard, l'ancien stagiaire de l'armée a commencé une psychothérapie en raison d’une angoisse diffuse, d’un sentiment de dépersonnalisation, d’idées de persécution et d’hallucinations. Son médecin traitant a diagnostiqué une "schizophrénie paranoïde". Le cas a été annoncé à l’assurance militaire en 1990, soit onze ans après l’épisode des tirs. L’Ofam a refusé de reconnaître la responsabilité de la Confédération dans cette situation. A ses yeux, la maladie n’avait pas de lien avec le service militaire effectué en 1979. Après une expertise médicale conduite en 1995, la Cour de justice de Genève a pourtant condamné l’assurance militaire à prendre en charge les suites de la schizophrénie de cet homme. La procédure s’est néanmoins poursuivie durant des années, notamment autour de la question du taux d’invalidité de l’ancienne recrue. Celle-ci se plaignait de ne plus avoir de vie sexuelle et sentimentale et réclamait un taux d’invalidité supérieur à 25%. Les médecins ont considéré que la difficulté résidait plutôt dans des conduites d’évitement relationnel. Or, selon le corps médical, le symptôme sexuel ne pouvait être extrait du contexte général. L’ancien soldat, qui souffre maintenant d’une "schizophrénie résiduelle", peut certes vivre de manière autonome, mais son comportement reste notamment marqué par un "ralentissement psychomoteur", un "émoussement affectif" et des "performances sociales médiocres". "L’inaptitude à créer des contacts avec des tiers, à nouer des liens familiaux et à entretenir des relations sexuelles est ici un symptôme caractéristique de la maladie", conclut une praticienne. L’école de recrues peut-elle provoquer une schizophrénie ? Le docteur Gérard Niveau, responsable à Genève de l’Unité de psychiatrie légale, répond que "l’incorporation au sein de l’armée peut être le facteur déclenchant d’une schizophrénie à cause du stress engendré". Mais, précise le médecin, l’armée ne peut pas être considérée comme la cause de la maladie. "Il y a des sujets plus ou moins vulnérables du point de vue psychique et biologique" qui peuvent développer une schizophrénie lorsqu’elles sont confrontées à des facteurs de stress. "Aujourd’hui, les situations les plus fréquentes sont les schizophrénies déclenchées par la consommation de cannabis", poursuit le médecin. Peut-on vraiment considérer que l’armée a une responsabilité dans la maladie de cette ancienne recrue ? "Oui, il y a une causalité, car on ne sait pas si cet homme serait devenu schizophrène s’il n’avait pas fait l’école de recrues. On voit des personnes à tendances psychotiques, vivant repliées sur elles-mêmes, mais qui ne développent jamais d’hallucinations." Et de préciser que "cette pathologie se déclare le plus souvent entre 17 et 25 ans." S’il subit un stress, il peut se structurer sur un mode pathologique qui va perdurer. Plus tard, il sera moins vulnérable et les risques de développer une schizophrénie sont moindres." [Avec 24 heures.ch]
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