Le Pr Michel Aubier aurait reçu plus de 300 000 euros de Total en deux ans

13/06/2017 Par Sandy Bonin
Faits divers / Justice

Le pneumologue Michel Aubier sera jugé à partir de demain pour avoir menti sur ses liens avec Total alors qu'il était auditionné par le Sénat.

  Selon une information révélée par Le Monde, le Pr Michel Aubier, ex-chef du service de pneumologie de l’hôpital Bichat aurait reçu près de 300 000 euros du groupe pétrolier en deux ans. Le spécialiste, qui bénéficiait d’un contrat de "médecin-conseil de la direction générale" du groupe Total depuis 1997, était rémunéré 109 956 euros en 2014, 106 787 euros en 2013 et 99 402 euros en 2012. Le pneumologue, par ailleurs membre du conseil d’administration de la Fondation Total depuis 2007, déclarait avoir perçu en plus, en 2014, 1 200 actions gratuites à la valeur unitaire de 51,29 euros, soit 61 548 euros (1 100 en 2013 et 740 en 2012). Des émoluments d’autant plus confortables que le contrat de travail de Michel Aubier avec Total précise que la durée de travail dans les locaux de l’entreprise sera "d’environ 9 demi-journées par mois étant entendu que les missions confiées nécessiteront des travaux en dehors des locaux", révèle Le Monde. Le 16 avril 2015, le médecin avait nié tout lien avec des "acteurs économiques" face à une commission du Sénat qui le recevait pour évoquer le "coût économique et financier de la pollution de l'air". Il avait auparavant juré de dire "toute la vérité, rien que la vérité", en levant la main droite. Cela lui vaut d'être jugé pour "témoignage mensonger", comme s'il avait menti devant un tribunal. Obligé de reconnaître les faits, Michel Aubier avait évoqué des sommes allant de 50 000 à 60 000 euros annuel. Des chiffres bien en deçà de la réalité. Ces informations tombent mal, alors que le procès du pneumologue débute ce mercredi. Michel Aubier doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris pour "témoignage mensonger sous serment". Il encourt une peine de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amendes. Il avait affirmé que le nombre de cancers liés à la pollution était "extrêmement faible". Le Sénat s'est constitué partie civile, tout comme les deux organisations non gouvernementales Générations futures et Ecologie sans frontière. Ces deux ONG ont réclamé "des peines exemplaires" et souhaité que "ce procès soit le début d'une prise de conscience des méfaits des conflits d'intérêt dans le domaine de la santé". Sur cette même affaire, la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins d'Ile-de-France a statué "en catimini" le 25 avril dernier. Pour avoir "manqué à la probité et contribué à déconsidérer la profession", le médecin n'a reçu qu'un simple avertissement, soit la sanction la plus légère, note le site internet. [Avec lemonde.fr et leparisien.fr]

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Stéphanie Beaujouan

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