Venue pour un cerclage, elle est avortée par erreur à 4 mois de grossesse

28/04/2017 Par Sandy Bonin
Faits divers / Justice

Une femme enceinte de 4 mois a été avortée par erreur à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Lille. Elle a été confondu avec sa voisine de chambre et a reçu une pilule abortive.

Le 9 mai 2011, Zahra se rend à l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Lille, pour un cerclage de son col de l'utérus. Elle est alors enceinte de quatre mois et est installée dans la même chambre qu'une patiente hospitalisée pour une interruption volontaire de grossesse. Une sage-femme stagiaire arrive pour donner le médicament abortif à cette dernière, mais ne vérifie pas son identité. Elle confond les deux femmes et le donne à Zahra. "La sage-femme ne m'a pas demandé mon nom, ni pourquoi j'étais là. Elle est simplement entrée dans la pièce, m'a dit de mettre le comprimé dans mon vagin et est repartie," raconte-t-elle à L'Express"Je n'en veux pas à la sage-femme, mais je veux comprendre pourquoi l'hôpital était ainsi organisé, explique Zahra. On ne peut pas mettre une femme qui veut avorter à côté d'une femme qui souhaite garder son enfant à tout prix. C'est trop difficile pour l'une comme pour l'autre." Cet accident est un choc pour la mère de famille, qui a depuis eu trois enfants. D'autant qu'elle apprend sa fausse-couche alors qu'elle est déjà au bloc. "J'ai eu des douleurs après la prise du comprimé, mais tout le monde me disait que c'était normal. Je n'ai pas les compétences médicales pour en juger, alors je les ai écoutés", se souvient Zahra. 

"Pour eux, c'était de ma faute"

Pendant l'opération de cerclage, l'équipe médical la réveille : "Ils m'ont dit que je ne portais plus l'enfant. Le temps que je comprenne ce qu'il m'arrivait, ils m'avaient remis le masque sur le nez. Lorsque je me suis réveillée dans ma chambre, le curetage avait déjà été fait." Dans un premier temps, les soignants disent à Zahra que la cause de cette fausse-couche est son poids, trop élevé selon les médecins, mais aussi ses problèmes de fertilité, puisque la jeune femme est tombée enceinte après cinq années d'essai. "Pour eux, c'était de ma faute. Ils m'ont fait culpabiliser", se souvient-elle. Ce n'est que deux jours plus tard que les soignants lui parlent du fameux médicament, après que l'emballage a été retrouvé dans la poubelle. "La femme qui partageait ma chambre est partie au bloc avant moi. Elle n'a jamais reçu son comprimé, il n'était donc pas dans son col lors de l'opération et personne ne s'est demandé pourquoi..." Ce mercredi, Zahra et son mari demandent justice devant la sixième chambre correctionnelle de Lille. L'infirmière et la sage-femme stagiaire en charge de son cas sont poursuivies pour blessures involontaires ayant entraîné une incapacité temporaire de travail (ITT) supérieure à trois mois. L'audience devra déterminer la responsabilité de l'établissement hospitalier.

Indemnisée, puis sommée de rembourser

L'affaire est déjà passée devant le tribunal de grande instance de Lille en septembre dernier. Face à la cour, l'avocat de la défense évoque à plusieurs reprises les difficultés de Zahra à tomber enceinte. Selon lui, il s'agit d'une "perte de chance", c'est-à-dire qu'en dehors de l'erreur médicale, le risque de fausse-couche était de toute façon très important. L'indemnité devait donc être décidée en fonction de ce risque.  A la suite de ce premier procès, le couple est indemnisé à hauteur de 53 935 euros, avant que le groupement des hôpitaux catholiques de Lille (GHICL) ne fasse appel et que la somme soit réduite de moitié par la cour d'appel de Douai, une importante somme d'argent que la famille doit aujourd'hui rembourser. Pour autant, le GHICL reconnaît sa responsabilité dans l'accident.  [Avec lexpress.fr]

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