Obésité : un outil basé sur l’IA permet de prédire la perte de poids après chirurgie bariatrique
Pour cela, ces auteurs lillois ont analysé les données sur les résultats des chirurgies bariatriques collectées depuis 2006 au CHU de Lille, ce qui correspond à une cohorte de 1 500 patients opérés et suivis depuis plus de quinze ans. Et, grâce à l’intelligence artificielle, ils ont créé des algorithmes capables de prédire sur 5 ans la perte de poids attendue après une chirurgie bariatrique à partir de ces données. « Les données dont nous disposions pour chaque patient étaient vastes mais le nombre de patients, lui, était restreint à quelques milliers », précise Patrick Saux, doctorant Inria et premier auteur de la publication. « Nous avons donc compensé ce faible échantillon en nous appuyant sur l’expertise des médecins et des diététiciens. C’est là tout l’intérêt du travail interdisciplinaire.» Ainsi, le modèle tient compte de sept variables, dont l’âge du patient, le poids, un tabagisme, un diabète, et le type de chirurgie envisagée. L’outil aboutit à une courbe, propre à chaque individu, qui décrit l’évolution attendue du poids jusqu’à cinq ans après la chirurgie. Pour valider ses performances, les scientifiques ont ensuite mené une étude sur plus de 10 000 patients suivis en France (Montpellier, Lyon, Valenciennes, Boulogne) ainsi qu’à l’étranger (Pays-Bas, Finlande, Suède, Suisse, Singapour, Mexique, Brésil), dans le cadre du projet européen IMI Sophia. Et les résultats ont été positifs : ils ont montré la supériorité du nouvel algorithme sur tous les modèles existants. Pour les médecins qui l’utilisent, cet outil a une double utilité. Tout d’abord, il permet au patient de concrétiser les résultats de l’intervention. « Certains ont des attentes irréalistes avant une chirurgie bariatrique. Un support graphique permet d’éviter un trop grand décalage avec la réalité et de mieux anticiper la trajectoire de poids attendue après la chirurgie », estime Patrick Saux. Ensuite, cette courbe prédictive aide le médecin à repérer un écart lors du suivi du patient, nécessitant éventuellement une adaptation de la prise en charge, voire une nouvelle intervention. En particulier, « l’une des raisons d’être de cet outil est de prédire l’utilité des visites postopératoires et d’éclairer la prise de décision clinique », précise l’Inserm dans un communiqué. Ces résultats viennent d’être publiés dans la prestigieuse revue The Lancet Digital Health ce qui souligne, pour l’Inserm, « l’excellence de ce projet interdisciplinaire original initié il y a 3 ans ». L’outil est accessible en ligne à l’adresse suivante : https://bariatric-weight-trajectory-prediction.univ-lille.fr/
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?