Obésité et surpoids de l’enfant : le traitement comportemental à l’échelle de la famille donne de bons résultats

10/07/2023 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Les interventions comportementales intensives pour le surpoids et l’obésité chez l’enfant sont préconisées dans les recommandations nationales mais elles sont généralement dispensées, à l’heure actuelle, dans des centres spécialisés. Sont-elles efficaces en soins primaires pédiatriques ?

Afin d’évaluer les effets d’un traitement comportemental à l’échelle de la famille sur le surpoids ou l’obésité mis en place en soins primaires pédiatriques sur les enfants et leurs parents, ainsi que leurs frères et sœurs, une étude randomisée a été mise en place dans 4 sites aux Etats-Unis, qui ont inclus 452 enfants âgés de 6 à 12 ans ayant un surpoids ou une obésité et leurs parents ainsi que 106 frères et sœurs. Les participants étaient tirés au sort et, soit suivaient un traitement comportemental familial, soit étaient pris en charge de manière « habituelle », tous ont été suivis pendant 2 ans. Le traitement comportemental familial était basé sur toute une série de techniques comportementales développant des concepts d’alimentation saine, d’activité physique et visait aussi à travailler sur les comportements des parents dans les familles. L’objectif du traitement était d’offrir 26 sessions sur une période de 24 mois, menées par un coach entraîné aux méthodes de changement des comportements mais le nombre de sessions était individualisé en fonction des progrès faits au niveau familial. Le critère d’évaluation principal était la variation de l’indice de masse corporelle de l’enfant entre la valeur basale et la valeur à 24 mois. Les critères d’évaluation secondaire étaient les variations de l’IMC chez les frères et sœurs et chez les parents. Sur 452 enfants inclus, 226 ont été randomisés dans le groupe « traitement familial comportemental » et 226 dans le groupe « prise en charge habituelle ». L’âge moyen des enfants était de 9.8 ± 1.9 ans, 53 % étaient des filles. Le pourcentage moyen au-dessus de l’IMC médian ajusté en fonction de l’âge était de 59.4 %. 27.2 % étaient des Noirs et 57.1 % des Blancs. 106 frères et sœurs ont été inclus. À 24 mois, les enfants recevant le traitement comportemental familial avaient de meilleures évolutions pondérales que ceux qui étaient pris en charge de façon habituelle si l’on se base sur la différence dans la variation du pourcentage au-dessus de l’IMC médian (-6.21 % ; IC 95 % = -10.14 % à -2.29 %). Les modèles de croissance longitudinale montraient que les enfants, leurs parents et les frères et sœurs sous traitement comportemental familial avaient tous des évolutions plus favorables que ceux à prise en charge de manière habituelle : cela était évident dès le 6ème mois et se maintenait tout au long des 24 mois. Les variations entre le début de l’étude et le 24ème mois, en pourcentage au-dessus de l’IMC médian pour le traitement comportemental familial, étaient de 0 % quand la prise en charge était la prise en charge habituelle et de 6.48 % (IC 95 % = 4.35 – 8.61 %) chez les enfants sous prise en charge comportementale familiale, étaient de -1.05 % vs 2.92 % chez les parents et de 0.03 % vs 5.35 % chez les frères et sœurs. En conclusion, un traitement comportemental familial pour la prise en charge du surpoids et de l’obésité peut être mis en place avec succès dans un contexte de soins primaires pédiatriques et permet une amélioration du poids sur 24 mois non seulement des enfants obèses ou en surpoids mais également de leurs parents. Les frères et sœurs qui n’étaient pas directement traités avaient aussi une amélioration pondérale, ce qui suggère que cette approche pourrait être particulièrement utile dans les familles ayant plusieurs enfants avec des problèmes de surpoids et d’obésité.

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