Le congrès annuel de l’European Association for the Study of Diabetes (EASD) s'est tenu à Stockholm du 19 au 24 septembre. Il y a notamment été mis en avant une mise au point concernant les recommandations sur la prise en charge du diabète de type 2 (DT2). Les résultats de l'étude UKPDS après 44 ans de suivi ont aussi été présentés, ainsi que plusieurs sessions permettant de faire le point sur l’épidémiologie ou encore la thérapeutique, que ce soit pour le diabète de type 1 ou 2. Au programme de ce grand dossier EASD 2022 :
- DT2 : un consensus commun EASD/ADA
- Le nombre de diabétiques de type 1 devrait doubler d'ici 2040
- DT1 : de nouvelles pistes pour le dépistage et la prévention
- DT2 : les rémissions à long terme sont-elles possibles ?
- Contrôle précoce de la glycémie dans le DT2: des bénéfices à très long terme
- Insulines à dose hebdomadaire unique : de plus en plus de preuves d’efficacité
- Le rôle des pouvoirs politiques dans l'obésité
Le point sur les grandes nouveautés avec la Pre Chantal Mathieu*, vice-présidente de l’EASD, chef des services endocrinologie clinique et diabétologie clinique, Leuven (Belgique). Egora-Le Panorama du médécin : Quelles ont été cette année les grandes nouveautés présentées ?
Pre Chantal Mathieu : Le congrès de l’EASD a permis de mettre en lumière des sujets très importants. On a démontré qu’on pouvait inverser la tendance du diabète de type 2 (DT2) et obtenir des rémissions par la perte de poids. C’est réalisable avec des régimes très strictes, de la chirurgie bariatrique mais aussi grâce à des traitements médicamenteux. Nous avons à notre disposition tout un arsenal de nouveaux médicaments qui sont basés sur les agonistes des récepteurs du glucose-like peptide (GLP)1, des glucose dependent insulinotropic polypeptid (GIP), et les inhibiteurs de sodium-glucose cotransporter (SGLT2). Il y a une panacée de multiples agonistes à effet incrétine qui sont en train d’être développés pour obtenir une normoglycémie. On peut éliminer les hyperglycémies. C’est réellement une nouvelle ère thérapeutique qui s’ouvre avec les agonistes des récepteurs GLP1 hebdomadaire comme le sémaglutide ou la dulaglutide. Et désormais, apparait le premier produit d’une nouvelle génération, les doubles voir multiples agonistes à effet incrétine, comme le tirzépatide. Quelles sont les études les plus marquantes présentées à l’EASD ? Il s’agit d’études sur les nouvelles molécules qui permettent d’améliorer le devenir diabétique des patients de type 2. On a beaucoup parlé du tirzépatide. Les autorités de santé américaine (FDA) et européennes (EMA) ont autorisé l’utilisation de ce produit chez les patients diabétiques sur la base des 5 études Surpass publiées. Ce programme Surpass montre l’impact du tirzépatide sur la perte de poids et sur la diminution de la glycémie. En effet, quel que soit la durée du DT2 ou le stade de la maladie, les résultats ont montré qu’avec du tirzépatide à dose la plus élevée (15 mg), 30 à 50 % des patients obtiennent une normoglycémie c’est à dire une HbA1c < à 5,7%. Le tirzépatide n’est pas encore inclus dans les molécules protectrices du cœur ou des reins, on manque de données à ce sujet. Une étude, Surpass- CVOT, est un essai cardiovasculaire en cours, qui compare le tirzépatide non pas à un placebo mais au dulaglutide. Ce qui a été présenté spécifiquement à l’EASD sur Surpass ce sont des analyses des caractéristiques cliniques des participants (effet sur la glycémie, le poids, l’HbA1c). Elles concluent qu’avec avec le tirzépatide, tous les diabétiques de type 2 ont un bénéfice que ce soit pour le contrôle glycémique ou la perte de poids. Le deuxième grand programme sur le tirzépatide est l’étude Surmount, qui elle se déroule dans une population de patients en surpoids ou obèses sans qu’ils soient diabétiques. Par ailleurs, la présentation de l’étude Deliver sur l’efficacité de la dapaglifozine dans l’insuffisance cardiaque est aussi très importante cliniquement. On a montré que cette molécule était indiquée dans l’insuffisance cardiaque quelle que soit la fraction d’éjection. Il n’y a plus besoin de faire un diagnostic poussé du type d’insuffisance cardiaque. Il suffit d’en démontrer la présence. Avec toutes ces nouvelles thérapies, la prise en charge du diabète va devenir très intéressant mais aussi très complexe. Vous avez présenté les nouvelles recommandations sur le management de l’hyperglycémie dans le diabète de type 2. Que doit-on retenir ? De nombreux points ont été repris des recommandations de 2018 et de l’update de 2019 comme l’importance d’une approche multifactorielle, d’une vie saine, d’une éducation au diabète, et la notion de protection cardiaque et rénale. Dans ce consensus, nous avons mis l’accent plus fortement sur l’importance d’adopter un mode de vie plus sain, sur la perte de poids mais aussi sur l’importance d’une quantité suffisante de sommeil. Nous avons insisté sur la gestion du poids. Et ce qui me semble vraiment important est que les cliniciens ne doivent pas faire un choix entre protection du cœur et des reins, et un contrôle glycémique et du poids. Désormais, on associe protection cardio-rénale ET contrôle glycémique et pondéral. De plus, en cas de mauvais contrôle de la glycémie sans risque cardio-rénal, il faut envisager très précocement une combinaison thérapeutique et évaluer l’impact hypoglycémiant du traitement. L’approche est multifactorielle et nécessite l’implication du patient. Nous avons également inclus les nouvelles technologies comme les applications ou les mesures en continue du diabète (CGM). Enfin, ce qui me parait le plus important est que ces recommandations sont un document pratique pour les cliniciens et non pas uniquement académique. Une fiche pratique accompagne chaque recommandation. Leur accès est libre.
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