Diabète de type 2 : une consommation protéique élevée n’est pas associée à une détérioration plus rapide de la fonction rénale

17/01/2022 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie Endocrinologie-Métabolisme
Comme la consommation protéique élevée dans l’alimentation a traditionnellement été considérée comme un facteur pouvant favoriser la progression de l’insuffisance rénale, les recommandations diététiques conseillent de limiter la consommation de protéines ou de maintenir une restriction protéique en cas d’insuffisance rénale avancée.

Dans le diabète de type 2, l’atteinte de la fonction rénale est une complication qui survient chez 20 à 40 % des patients. Comme on a plutôt tendance, au cours du diabète de type 2, à se concentrer sur le contenu en hydrates de carbone de l’alimentation, on risque, en réduisant les hydrates de carbone, d’augmenter la consommation de protéines, ce qui pourrait avoir des effets délétères sur la fonction rénale. Est-ce bien le cas ? Afin d’analyser de manière prospective l’association entre la consommation de protéines dans l’alimentation et la détérioration de la fonction rénale chez les patients diabétiques de type 2, les données de 342 patients entrés dans l’étude de cohorte Diabetes and Lifestyle Cohort Twente (DIALECT) ont été analysées. La consommation protéique alimentaire était déterminée par l’équation de Maroni à partir de l’excrétion urinaire des 24 heures de l’urée. La détérioration de la fonction rénale était définie comme la nécessité d’une dialyse ou d’une transplantation ou une augmentation persistante ≥ 50 % de la créatininémie. Une détérioration de la fonction rénale est survenue chez 53 patients (14 %) au cours d’un suivi médian de 6 ans (intervalle interquartile = 5 – 9 ans). La consommation alimentaire moyenne en protéines était de 91 ± 27 g par jour (1.22 ± 0.33 g/kg de poids idéal par jour). En fait, la consommation de protéines dans l’alimentation était inversement associée à la détérioration de la fonction rénale (HR = 0.62 ; IC 95 % = 0.44 – 0.90). Les patients dont la consommation de protéines était < 92 g/jour avaient une augmentation du risque de détérioration de la fonction rénale (HR = 1.44 ; 1 – 2.06) alors que les patients qui avaient une consommation de protéines > 163 g/jour avaient une diminution de la probabilité de détérioration de la fonction rénale (HR = 0.42 ; 0.18 – 1) ! Lorsque l’on analysait la consommation de protéines/kg de poids, les patients dont la consommation était < 1.08 g/kg/jour avaient une augmentation du risque de détérioration de la fonction rénale (HR = 1.63 ; 1 – 2.65). En conclusion, chez les patients atteints de diabète de type 2, une consommation non limitée de protéines dans l’alimentation n’est pas associée à une augmentation du risque de détérioration de la fonction rénale. Ainsi, la substitution d’hydrates de carbone avec des protéines dans l’alimentation n’apparaît pas contre-indiquée dans la prise en charge du diabète de type 2, même si cela a un effet positif sur le poids corporel en minimisant la perte de masse musculaire.

Pensez vous que votre CPAM est véritablement un partenaire qui vous aide lors de votre activité professionnelle ?

Isabelle Servant

Isabelle Servant

Non

Impossible d’avoir un interlocuteur compétent. Nous sommes seuls face aux divers problèmes rencontrés. ... Lire plus

 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Podcast Histoire
L’histoire oubliée de Trota, pionnière de la gynécologie au Moyen-Âge
10/02/2025
0
Reportage PASS/LAS
Réussir médecine sans payer 8000 euros : à Marseille, une "prépa sociale et solidaire" relève le défi
17/02/2025
4
Enquête Pédiatrie
Parents désespérés, cabinets spécialisés... Enquête sur l'explosion des frénotomies chez les bébés
05/02/2025
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2
Podcast Médecine légale
"J'ai été projeté dans ce monde macabre" : l'affaire Troadec racontée par le médecin légiste
03/12/2024
0
Enquête Démographie médicale
Y aura-t-il trop de médecins en France en 2035 ?
09/01/2025
18