C’est cette question qui a amené une équipe américaine à évaluer la progression du diabète après l’initiation d’un traitement par statine chez des patients diabétiques, dans le cadre d’une étude rétrospective de cohorte, où des patients chez lesquels était initié un traitement par statine étaient comparés à des patients démarrant un autre traitement sans rapport (comparateur actif), dans une cohorte nationale de patients couverts par l’assurance maladie des Vétérans aux Etats-Unis entre 2003 et 2015. Les patients avaient plus de 30 ans, avaient un diabète diagnostiqué au cours de la période d’étude et étaient des utilisateurs réguliers du système de santé des Vétérans, permettant d’avoir des informations régulières, démographiques, cliniques, biologiques et sur l’utilisation des médicaments. Le comparateur actif était l’initiation d’un traitement par inhibiteur de la pompe à protons. Sur 705.774 patients éligibles, l’étude a apparié 83 022 paires d’utilisateurs de statine et d’utilisateurs du comparateur actif. L’âge moyen était de 60.1 ± 11.6 ans. Les sujets Blancs représentaient 68.2 %, les Noirs 21.5 %. Le critère composite de progression du diabète (initiation d’un traitement par insuline, augmentation du nombre de médicaments hypoglycémiants, incidence de plus de 5 mesures de glycémies ≥ 2 g/l ou nouveau diagnostic d’acidocétose ou de diabète non contrôlé) a été observé chez 55.9 % des utilisateurs de statine alors qu’il n’était observé que chez 48 % des sujets qui initiaient un traitement par inhibiteur de la pompe à protons, donnant un odds ratio de 1.37 (IC 95 % = 1.35 – 1.40 ; p < 0.001). Chaque critère individuel du critère composite était significativement supérieur chez les utilisateurs de statine. Une analyse secondaire a montré une relation dose-réponse : plus la baisse du LDL-cholestérol est importante, plus le diabète progresse. En conclusion, cette étude rétrospective de cohorte appariée confirme que l’utilisation de statine est associée à une progression du diabète marquée par une probabilité supérieure de mise en route d’un traitement par insuline, d’une hyperglycémie significative, de complications aiguës du diabète et d’une augmentation du nombre de prescriptions de classes d’hypoglycémiants. Le rapport bénéfices/risques d’utilisation des statines chez les patients diabétiques doit prendre en considération ces effets métaboliques.
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