Les urgences urologiques constituent un vaste sujet, tant les organes touchés sont légion - rein, vessie, prostate et urètre - , et les atteintes, diverses. Elles concernent à la fois les médecins et les chirurgiens. Elles ont constituées le thème du rapport annuel présenté lors du 115ème congrès de l’Association Française d’Urologie, qui s’est déroulé du 17 au 20 novembre 2021 à Paris. Le rapport annuel de l’Association française d’urologie (AFU) est consacré cette année aux urgences, le quotidien des urologues. En introduction au rapport, figure un état des lieux des urgences urologiques en France qui, faute de données globales jusqu’ici, a obligé les auteurs, et Romain Boissier (Hôpital de la Conception AP-HM Marseille) en particulier, à chercher, et trouver, les informations à leur source, c’est-à-dire auprès de Santé Publique France. Ce système de suivi de la santé des Français collige notamment, grâce au réseau Oscour, les données de plus de 90 % des services d’urgence. Un tableau exhaustif de l’activité a ainsi été dressé. 4,2 % de l’ensemble des passages aux urgences, soit 600 000 d’entre eux par an, et 5,4 % des hospitalisations concernent la sphère urologique, les urgences les plus fréquentes étant infectieuses (pour un bon tiers d’entre elles), cystites, pyélonéphrites et prostatites, puis celles du haut appareil urinaire (coliques néphrétiques et rétention aiguë d’urines). Le rapport présente ensuite les éléments pratiques pour la prise en charge des urgences les plus fréquentes, destinés aux médecins généralistes bien sûr, mais aussi aux urgentistes, internistes et urologues. La rétention aiguë d’urine touche des hommes en grande majorité (87 %) d’un certain âge, 72 ans en moyenne ; leur durée de passage aux urgences est de plus 4 heures habituellement, le temps de l’interrogatoire et de l’examen physique, sans aucun examen complémentaire avant un drainage rapide (imposé par la douleur). Après drainage, le bilan en urgence comporte un ECBU systématique, une créatinémie, un ionogramme sanguin, voire une échographie du haut appareil en cas de fièvre ou d’insuffisance rénale aiguë. Le bilan étiologique est proposé dans un second temps, la dérivation des urines étant la priorité, par sondage vésical ou cathétérisme sus-pubien. Une épreuve de “désondage“ est organisée après quelques jours de sondage à demeure. Les autosondages et le stent prostatique sont une alternative au drainage permanent. Coliques néphrétiques Autre sujet d’intérêt, les coliques néphrétiques, première urgence urologique en dehors des urgences infectieuses (2 tiers d’hommes et un tiers de femmes). Le traitement antalgique est basé sur les anti-inflammatoires et le paracétamol (associés), puis la morphine à la morbidité non négligeable en 2è recours. Les traitements expulsifs peuvent être les alpha-bloquants pour les calculs de 5 à 10 mm situés dans le bas appareil urinaire. Plus inattendus, moins “académiques“, un inhibiteur de la 5 phosphodiestérase (Viagra) ou un rapport sexuel qui tous deux en augmentant le taux de monoxyde d’azote, décontractent les muscles lisses et facilitent l’expulsion. « Le rapport détaille ensuite la conduite à tenir pour les cas particuliers des coliques néphrétiques des femmes enceintes (uretères dilatés, scanner ionisant impossible, contre-indications des traitements) et les enfants (quelle imagerie ?) », indique le Pr Pierre-Henri Savoie, médecin chef-service de santé des armées HIA Saint-Anne (Marseille).
Anecdotiques et graves A l’opposé, le rapport décrit également les urgences plus rares : la traumatologie d’attentat (chirurgie écourtée et stratégies de damage control), les insuffisances urinaires emphysémateuses (dues à des bactéries gazogènes), gangrène de Fournier (qui intéresse le périnée, le scrotum, etc.), masculine essentiellement, mutilante et/ou mortelle, etc. Une part importante du rapport est dédié aux traumatismes du bas appareil urinaire et du rein. Le diagnostic d’une hématurie en cas de traumatisme lombo-abdominal ou pelvien est fait sur le scanner et un traitement conservateur souhaitable avec les techniques micro-invasives d’embolisation pour arrêter les saignements, notamment quand les vaisseaux rénaux sont blessés ou en cas d’hyperpression dans la cavité abdominale. « Si le rein est détruit et que des fuites d’urine associées aux saignements compromettent le pronostic, l’ablation peut être indiquée à la suite des traitements conservateurs », précise le Pr Jean Alexandre Long (CHU de Grenoble).
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