Au cours des dix dernières années, le tissu adipeux brun humain (TAB) est apparu comme une cible thérapeutique potentielle dans le cadre des dysfonctionnements métaboliques et de l’obésité. Il a été démontré que l'activité du TAB est associée négativement à la résistance à l'insuline et à l'obésité chez les humains mais, chez l’homme, l'effet de la thermogenèse du TAB sur le bilan énergétique semble être limité par la masse relativement faible de BAT trouvée chez les humains, ce qui sous-tend que le TAB aurait des effets bénéfiques sur d'autres organes métaboliquement actifs via des mécanismes neuronaux et hormonaux donc au-delà de la simple dissipation d'énergie. Chez la souris, comme chez l’homme, se produit une thermogenèse du TAB associée aux repas qui est médiée par la sécrétine, une hormone intestinale, mais sa fonction physiologique et sa pertinence ne sont pas claires. Un lien entre l'activation du TAB et la suppression de l'appétit a été suggéré. Par ailleurs, l'activation légère du TAB induite par le froid est associée à des concentrations sériques plus faibles de ghréline et un repas thermogénique est associé à une sensation de satiété. Dans la mesure où ce nouvel axe « intestin-TAB-cerveau » favorisant la satiété peut expliquer certains des avantages métaboliques du TAB chez l'homme, une équipe finlandaise a cherché à approfondir ce mécanisme au moyen d’une étude utilisant la tomographie par émission de positons (TEP) combinée à la tomodensitométrie pour étudier l'activation du TAB (n = 15) et l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pour étudier l'appétit (n = 14). Dans cette étude croisée randomisée, contrôlée par placebo, les effets d’une injection intraveineuse de sécrétine sur le métabolisme du TAB et sur l'appétit ont été analysés chez des hommes sains, de poids normal. Les participants étaient aveugles à l'intervention. Par rapport au placebo, la sécrétine a augmenté la captation du glucose par le TAB (critère d'évaluation principal) de 57 % [médiane (intervalle interquartile, IQR), 0,82 (0,77) versus 0,59 (0,53) μmol pour 100 g par min, intervalle de confiance (IC) à 95 % (0,09, 0,89), P = 0,002, taille de l'effet r = 0,570], tandis que la perfusion du TAB est restée inchangée [moyenne (DS) : 4,73 (1,82) versus 6,14 (3,05) ml par 100 g par min, IC à 95 % =-2,91, 0,07), P = 0,063, taille de l'effet d = -0,549] (n = 15). La dépense énergétique du corps entier a augmenté de 2 % (P = 0,011) (n = 15). La sécrétine a atténué l'activité dépendante du niveau d'oxygène dans le sang (critère d'évaluation principal) dans les circuits de récompense cérébraux pendant les tâches de repères alimentaires (taux de fausse découverte au niveau de signification corrigé à P = 0,05) (n = 14). L'apport calorique n'a pas changé de manière significative, mais la motivation à se réalimenter après un repas a été retardée de 39 min (P = 0,039) (n = 14). Aucun effet indésirable n'a été détecté. En conclusion, chez l'homme, la sécrétine active donc le TAB, réduit les réponses centrales aux aliments appétissants et retarde la motivation à se réalimenter après un repas. Cela suggère que l'activation du TAB induite par les repas et médiée par la sécrétine joue un rôle dans le contrôle de la prise alimentaire chez l'homme. Alors que l'obésité augmente dans le monde, cet axe de régulation de l'appétit offre de nouvelles possibilités pour la recherche clinique dans le traitement de l'obésité.
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