Covid : les corticoïdes inhalés ont un impact positif en phase précoce en ambulatoire

15/04/2021 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Après l’intérêt majeur de la dexaméthasone pour les formes graves de la maladie, les corticoïdes inhalés pourraient constituer un traitement de choix pour les formes plus légères d’une infection par le Sars-CoV-2. En effet, deux études suggèrent l‘efficacité d’un tel traitement en phase précoce de l’infection. 

  Ces travaux sont issus du fait que plusieurs données observationnelles ont montré que les patients atteints d'une maladie respiratoire chronique (asthme, BPCO, etc.) étaient significativement sous-représentés dans les cohortes de patients hospitalisés pour Covid-19. Pour certains, cela pourrait être en rapport avec l’utilisation de glucocorticoïdes inhalés (CI), au cours de la phase précoce de l’infection. Pour aller plus loin, des auteurs britanniques ont donc mis en place une étude pour évaluer l'intérêt de ce type de traitement pour l’ensemble de la population. Cet essai randomisé en ouvert, nommé Stoic, a porté sur 146 patients (âge moyen 45 ans) ayant des symptômes légers de Covid-19, qui ont reçu soit du budésonide inhalé (2 inhalations de 400 μg 2 fois par jours), soit un traitement standard, dans les 7 premiers jours de l’infection.

Les résultats ont montré qu’en effet, l'administration précoce de budésonide inhalé réduisait la nécessité de recours à des soins médicaux en urgence ou à une hospitalisation, qui a concerné 1% des participants sous CI, contre 14% du groupe contrôle (p = 0, 004). Les auteurs ont calculé qu’il suffisait de traiter 8 patients avec le budésonide pour éviter une évolution péjorative chez l’un d’entre eux. Le temps de récupération était aussi plus court : 7 jours contre 8 (p = 0, 009). Les patients sous budésonide présentaient moins de fièvre ; et le traitement semblait aussi avoir une influence positive sur les symptômes persistants à J 14 et J 28. Dans l’éditorial du Lancet dans lequel est parue cette étude, des experts barcelonais affirment que « l'étude de Ramakrishnan et ses collègues est importante car elle est la première à montrer qu'une intervention thérapeutique facilement accessible est efficace pour prévenir la détérioration clinique du Covid-19 ». Ils notent cependant qu’« une limitation potentiellement importante » de cette étude réside dans le fait qu’elle a été arrêtée prématurément en raison des mesures nationales de lutte contre la pandémie au Royaume-Uni, avec pour conséquence, un nombre de patients randomisés (n = 146) bien inférieur à ce qui était prévu initialement (n = 398).  Un autre essai britannique, Principle, confirme, sur un effectif beaucoup plus grand, ces données. Il s’agit cette fois-ci d’un essai contrôlé randomisé multicentrique, là encore en ouvert, qui a porté sur des personnes plus à risque de forme grave de l’infection car ayant 65 ans ou plus, ou au moins 50 ans mais, dans ce cas, avec des comorbidités. Elles présentaient des symptômes de Covid datant de moins de 14 jours.  Cette analyse intermédiaire, en prépublication, a porté sur 2663 participants testés positifs au Sars-CoV-2. Ils ont été randomisés pour recevoir soit le budésonide inhalé (800 µg deux fois par jour pendant 14 jours, n= 751), soit les soins habituels (n=1028), soit d’autres interventions (n=643). Les résultats montrent que le traitement par CI a permis de diminuer la durée de rétablissement (autodéclarée) de 3 jours par rapport aux soins habituels seuls. En outre le traitement permettait aussi de réduire les hospitalisations et les décès par rapport au groupe de soins habituels (8,5% vs 10,3%), même si cette différence n’était pas statistiquement significative.

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