L’asthme est une maladie qui, dans la plupart des cas, doit être parfaitement contrôlée, autrement dit rendue asymptomatique et compatible avec une vie strictement normale, y compris au niveau des activités physiques, voire sportives. Mais certains asthmes sont plus difficiles à traiter que d’autres et dans 3 à 4% des cas, soit 120 000 patients asthmatiques en France, on parle d’asthme sévère, voire même pour la moitié d’entre eux d’asthme sévère réfractaire.
Pneumologue au CHU Bichat (Paris), le Pr Camille Taillé précise qu’on ne parle d’asthme sévère qu’après une longue période d’observation au cours de laquelle on a pu vérifier qu’un traitement optimal, à doses élevées, correctement pris (technique d’inhalation) et suivi scrupuleusement ne permettait pas de contrôler la symptomatologie, et cela malgré l’identification et le traitement des comorbidités ainsi qu’une bonne prise en charge des facteurs aggravants. « Le diagnostic doit donc être posé par le médecin spécialiste, indique le Pr Camille Taillé, dans le cadre d’un parcours de soins dont le médecin généraliste reste le principal coordonnateur ».
Asthmatique depuis la petite enfance, Claire, 32 ans, bientôt avocate, est venue témoigner devant la presse du lourd handicap que représente son asthme sévère dans sa vie quotidienne, « une maladie dont la symptomatologie varie d’un jour à l’autre, qui interdit certains efforts physiques, même peu importants, génère un sentiment de fatigue chronique et conduit à des hospitalisations répétées ». Pour le pneumologue, l’objectif va être d’éviter les exacerbations, à l’origine d’un remodelage bronchique irréversible. Mais aussi de limiter le recours aux corticoïdes oraux dont les effets secondaires peuvent être importants et particulièrement délétères. Pour cela, il est possible de s’attaquer à un mécanisme central dans la pathogénie de l’asthme, à savoir l’inflammation de type 2, importante chez plus des deux tiers des asthmatiques sévères. Faisant intervenir les interleukines 4, 5 et 13, cette inflammation de type 2 peut être combattue très en amont par une biothérapie, le dupilumab (Dupixent, laboratoire Sanofi Genzyme).
Le Pr Patrick Berger, pneumologue au CHU de Bordeaux, rappelle les résultats des principales études concernant cette biothérapie dans l’asthme sévère, en particulier l’étude Quest ayant mis en évidence une réduction de 48% du taux annualisé d’exacerbations sévères sous dupilumab versus placebo ainsi qu’une augmentation de 200 ml du Vems, témoignant d’une amélioration de la fonction respiratoire. Autre étude majeure, l’étude Venture, d’épargne cortisonique, mettant en évidence une réduction de 29% des corticoïdes oraux sous dupilumab versus placebo et une augmentation de 220 ml du Vems.
La prescription initiale et le renouvellement sont réservés aux spécialistes en pneumologie ou en pédiatrie. Dupixent est une solution injectable en sous-cutanée, disponible sous deux dosages : 200 et 300 mg. La dose initiale est de 2 injections suivies d’une injection tous les 15 jours.
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