L’existence de l’épidémie Covid-19 justifie la nécessité de bien contrôler les allergies notamment respiratoires, rappellent la Société française d’allergologie (SFA) et la Fédération française d’allergologie (FFAL) (1). Le traitement antihistaminique devra ainsi être poursuivi et l’immunothérapie allergénique sera de préférence maintenue. De nombreux allergologues ont d’ailleurs mis en place des téléconsultations pour suivre les patients, et les produits d’immunothérapie sublinguale peuvent être reçus par voie postale tandis que les comprimés sont accessibles chez les pharmaciens. Jusqu’au 31 mai 2020, les stylos d’adrénaline destinés au traitement en urgence des réactions anaphylactiques peuvent aussi être délivrés par les pharmaciens même en l’absence de nouvelle ordonnance, indique l’Association française pour la prévention des allergies (Afpral), qui est intervenue en ce sens auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), car le précédent décret dérogatoire ne concernait pas ces dispositifs (2). La situation est plus complexe s’agissant de certains traitements de désensibilisation sous-cutanée requis pour des allergies comme celles aux venins d’hyménoptères, car dans certaines régions où l’épidémie a été forte, des hôpitaux de jour ont fermé. La SFA et la FFAL considèrent néanmoins que les traitements mis en place doivent être continués. Pour les initiations, la décision tiendra compte du rapport bénéfices/risques.
Asthme : surveillance rapprochée Qu’en est-il de la relation entre asthme et Covid-19 ? Le groupe de travail Asthmes et allergies de la Société française d’allergologie (SFA) signale (3) qu’au vu des données préliminaires disponibles, les asthmatiques ne semblent pas pour l’instant surreprésentés parmi les patients atteints par le Sars-CoV-2. Néanmoins, on ne peut exclure que l’infection Covid-19 induise des exacerbations d’asthme...
En effet, on sait que la majorité de ces exacerbations sont liées, hors absence de traitement, à des infections virales. Et, l’inflammation de type 2, qui est associée à l’asthme et aux allergies, pourrait, réduire les capacités de défense anti-virale de l’épithélium bronchique. Quoi qu’il en soit pour limiter le risque d’infection et des hospitalisations, tous les médicaments de l’asthme devront être maintenus à dose efficace quelle que soit la sévérité de la maladie : traitement de fond par corticoïdes inhalés éventuellement associé à des bêta-agonistes ou des anticholinergiques de longue action, montélukast, corticothérapie orale au long cours ; et dans les asthmes sévères, biothérapies commercialisées (omalizumab, mépolizumab, benralizumab) ou disponibles sous forme d’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) (dupilumab).
Ces biothérapies ne sont, en effet, pas immunosuppressives. Le patient pourra s’il a été formé s’auto-injecter ces biomédicaments à domicile. Les dispositifs habituels de prise inhalée (spray, poudres sèches) peuvent être utilisés normalement. Les bronchodilatateurs seront administrés de préférence par chambre d’inhalation. Il est aussi essentiel de ne pas retarder l’utilisation d’une corticothérapie systémique à posologie habituelle (0,5 à 1 mg/kg durant en général 5 jours) en cas d’exacerbation d’asthme, même fébrile et même avec suspicion ou confirmation d’infection par Covid-19. Conseils aux patients allergiques L’association Asthme et Allergies a listé les recommandations à destination des patients des structures référentes en pneumologie (Société de pneumologie de langue française, Société pédiatrique de pneumologie et d’allergologie) et en allergologie (SFA, FFAL). Elle rappelle que l’asthme se traduit par un essoufflement, des difficultés à respirer, une toux, symptômes en principe rapidement soulagés par l’inhalation d’un bronchodilatateur. On ne voit pas habituellement dans l’asthme de...
fièvre, de maux de tête, de perte du goût ou de l’odorat, de fatigue importante, signes en revanche courants en cas d’infection Covid-19. En cas de signes suspects ou inhabituels, les patients appelleront leur médecin traitant ou leur pneumologue. Les signes de l’allergie sont représentés par une rhinite et une conjonctivite, des sifflements dans la poitrine, une toux sèche qui peut se manifester la nuit et augmenter avec le rire et l’exercice. Comme dans l’asthme, ces signes respiratoires sont en général améliorés par la prise d’un bronchodilatateur, et ne s’associent pas à des douleurs musculaires, des frissons, des signes digestifs, possibles en cas d’infection Covid-19. Le caractère saisonnier des symptômes est bien évidemment évocateur. Certains allergiques aux pollens d’arbres rapportent cette année des signes plus intenses. Ceci pourrait être expliqué par le beau temps observé en mars et avril, facteur de pollinisation accru, et par le fait que beaucoup de personnes ont passé davantage de temps dans leur jardin en raison de la météo et du confinement.
Pendant le confinement, des patients allergiques aux acariens, poils d’animaux, moisissures ont aussi décrit des symptômes plus marqués qu’habituellement. Ceci est probablement favorisé par le fait d’être resté plus longtemps à la maison. Ces patients devront aérer plusieurs fois par jour leur logement. L’utilisation d’huiles essentielles, d’encens, de papier d’Arménie, de parfums d’ambiance est à éviter car ces produits sont irritants ou même allergisants (risque de crise d’asthme). L’Association Asthme et allergies a mis à disposition un numéro vert 0800 19 20 21 pour répondre aux questions des patients sur le coronavirus. (https://asthme-allergies.org).
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