Un intérêt croissant pour le microbiote cutané

26/11/2019 Par Corinne Tutin
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Le rôle du microbiote cutané fait l’objet d’études, en particulier dans l’acné et la dermatite atopique.

Le microbiote cutané joue un rôle essentiel, explique le Dr Bruno Sassolas, dermatologue au CHRU de Brest (1) : "Cet écosystème complexe et dynamique, présent à la surface de la peau mais aussi dans l’hypoderme et le derme, interagit en effet de façon permanente avec le système immunitaire cutané pour assurer une fonction de défense et de réparation tissulaire." Les bactéries commensales cutanées, entrent en compétition avec les pathogènes pour les nutriments, sécrètent des bactériocines qui peuvent les détruire, induisent la production de peptides antimicrobiens par les kératinocytes, participent à la différentiation des lymphocytes TCD4+ en lymphocytes Th1, Th2, Th17 ou T régulateurs. La flore commensale cutanée, qui se compose de plus de 300 sous-espèces bactériennes avec 4 phyla principaux : Actinobacteria, Firmicutes, Proteobacteria, Bacteroidetes,  varie d’une région à l’autre du corps, avec une prédominance des propionibactéries au niveau des zones cutanées grasses (visage, intérieur des oreilles, dos), des corynebactéries et des staphylocoques dans les zones cutanées humides (aisselles, plis inguinaux, sillon interfessier, nombril...), et une population mixte avec davantage de β-protéobactéries dans les zones sèches (bras, paumes des mains, fesses) (2). "Ce microbiote, qui est très différent d’une personne à l’autre, évolue en fonction de l’environnement cutané (exposition à la lumière, aux radiations, aux détergents…), et est influencé comme le microbiote intestinal par le mode d’accouchement", indique le Dr Sassolas. "Une dysbiose cutanée peut être à l’origine d’une réaction inflammatoire locale en induisant une stimulation excessive du système immunitaire".   Acné : le rôle à double sens de Propionibacterium acnes   La première maladie dans laquelle le rôle d’une dysbiose cutanée a été mis en évidence est l’acné. Cette affection se caractérise, en effet, par la présence de souches de Propionibacterium acnes, un germe que l’on trouve habituellement dans les zones grasses de la peau, et qui est à l’origine d’une sécrétion de lipases, de protéases et de facteurs chimiotactiques pour les neutrophiles, provoquant une inflammation aiguë de l’unité pilo-sébacée. Les souches de P. acnes diffèrent entre patients acnéiques et sujets sains. Pour autant, P. acnes semble avoir un rôle...

protecteur contre la croissance des colonies de Streptococcus pyogenes car cette bactérie acidifie le milieu cutané. De plus, ce germe anaérobie sécrète pour sa survie une enzyme anti-oxydante, RoxP, qui pourrait contribuer à l’homéostasie cutanée (3). Le stress oxydatif semble d’ailleurs participer au développement du psoriasis et de la dermatite atopique (DA) et le psoriasis s’accompagne d’une réduction de P. acnes et d’un accroissement des β-protéobactéries. La présence d’une dysbiose cutanée peut, dans la dermatite atopique, s’associer à une dysbiose digestive. Cette affection se caractérise par une altération de la barrière cutanée avec éventuellement mutation de la filaggrine, et une inflammation de type Th2 avec perte de la diversité bactérienne et colonisation accrue par les staphylocoques, notamment lors des poussées. Chez ces patients, les souches de staphylocoques sont davantage de type epidermidis lorsque la maladie est légère, de type aureus lorsqu’elle est sévère. "Mais même parmi les Staphylococcus aureus, on observe des différences s’agissant des facteurs de virulence et de leur capacité à pénétrer la barrière cutanée et à déclencher l’apparition d’une inflammation locale", explique le Dr Audrey Nosbaum, dermatologue au centre hospitalier Lyon Sud (4). "Plus le S. aureus provient d’un enfant avec une DA sévère, plus on peut induire un eczéma important à des souris". "Il faudrait parvenir à neutraliser ces facteurs de virulence staphylococciques ou développer une bactériothérapie avec isolement puis application des souches protectrices sur la peau", estime le Dr Nosbaum.  Une autre idée est de recourir à des transplantations de microbiote. Certaines équipes ont exposé des nourrissons nés par césarienne au fluide vaginal de leur mère, ce qui semble avoir restauré en partie l’équilibre de leur flore cutanée.  

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