Afin de vérifier si l’utilisation des concentrations des lipides à jeun ou non à jeun modifiait ou non le risque d’événement coronarien majeur, les données de l’étude Anglo-Scandinavian Cardiac Outcomes Trial-Lipid Lowering Arm (ASCOT-LLA) ont été analysées en post-hoc. L’étude a porté sur 8270 des 10305 participants de cette vaste étude, qui avaient eu à la fois une mesure des lipides sanguins à jeun et des lipides sanguins non à jeun (dont 6855 n’avaient jamais eu de problème cardiovasculaire au début de l’étude – prévention primaire). Le suivi médian a été de 3,3 années. Le critère d’évaluation principal de l’étude était la survenue d’événements cardiovasculaires majeurs (infarctus du myocarde non fatal et maladie coronarienne fatale). Parmi les 8270 participants (82.1 % d’hommes d’âge moyen 63,4 ± 8.5 ans), les concentrations de triglycérides non à jeun étaient légèrement supérieures et celles du cholestérol total étaient identiques, que les mesures soient à jeun ou non. L’association des lipides non à jeun avec les événements coronariens était similaire aux associations trouvées avec les lipides à jeun. Par exemple, les hazard ratios ajustés pour 0,4 g/l de LDL cholestérol étaient de 1,32 (IC 95 % = 1,08 – 1,61, p = 0,007) pour le LDL-C non à jeun et de 1,28 (1.07 – 1.55, p = 0,008) pour le LDL-C à jeun. Pour le groupe en prévention primaire, les HR ajustés étaient de 1,42 (1,13 – 1,78, p = 0,003) pour les lipides non à jeun et de 1,37 (1,11 – 1,69, p = 0,003) pour les lipides à jeun. Les résultats étaient les mêmes dans les bras randomisés au traitement et étaient les mêmes pour les événements cardiovasculaires, athéroscléreux (infarctus du myocarde, AVC et décès cardiovasculaire). La concordance des lipides à jeun et non à jeun pour la capacité à classer correctement les patients dans les catégories de risque était élevée (94,8 %). En conclusion, la mesure des lipides non à jeun ou des lipides à jeun réalisée chez les mêmes sujets donne des résultats similaires en ce qui concerne l’association avec la survenue des événements coronariens et des événements cardiovasculaires. Ces résultats suggèrent donc que la mesure en routine des lipides non à jeun pourrait faciliter le dépistage du risque cardiovasculaire et son traitement, en particulier savoir quand initier le traitement par statine, sans attendre d’avoir une mesure à jeun !
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