Des épidémiologistes londoniens ont donc utilisé les données d’une cohorte de population, la base de Données de Recherche en Pratique Clinique, reliée aux données du registre national de mortalité, afin d’examiner les associations entre l’IMC et la mortalité globale ainsi qu’entre l’IMC et les différentes causes de mortalité. Tous les individus ayant des données d’IMC connues depuis l’âge de 16 ans et disposant d’un suivi ont été inclus. Plus de trois millions de sujets ont été inclus dans l’étude de population. Les résultats concernent l’analyse des sujets n’ayant jamais fumé, soit 1 969 648 sujets et 188 057 décès. L’association entre l’IMC et la mortalité globale suit une courbe en J. Le hazard ratio estimé pour chaque augmentation de l’IMC de 5 kg/m2 est de 0.81 (IC 95 % = 0.80 à 0.82) lorsque l’ IMC <25 kg/m2 et de 1.21 (1.20 à 1.22) quand l’IMC est >25 kg/m2. L’IMC est associé à toutes les catégories de cause de décès sauf aux décès par accidents de la voie publique mais la forme de la courbe de cette association varie. La plupart des causes dont le cancer, les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires ont une association avec l’IMC suivant une courbe en forme de J, le risque le plus bas survenant dans la tranche 21-25 kg/m2. Pour les causes mentales ou neurologiques et pour les causes accidentelles (non en relation avec les transports), l’IMC est inversement associé à la mortalité jusqu’à la tranche 24-27 kg/m2 avec une faible association pour des IMC supérieurs. Pour les décès par blessure, une association linéaire inverse est observée. Les associations entre l’IMC et la mortalité sont plus fortes aux âges plus jeunes en comparaison des âges plus élevés et l’IMC associé au risque minimal de mortalité est supérieur chez les sujets les plus âgés en comparaison des sujets les plus jeunes. En comparaison des sujets ayant un poids normal (IMC entre 18.5 et 24.9 kg/m2), l’espérance de vie à l’âge de 40 ans des obèses (IMC ≥ 30 kg/m2) masculins est de 4.2 années inférieure ; elle est de 3.5 années inférieure chez les femmes obèses. Quant aux sujets dont le poids est inférieur à 18.5 kg/m2, l’espérance de vie est de 4.3 années inférieure pour les hommes et de 4.5 années pour les femmes. Lorsque les fumeurs étaient inclus dans l’analyse, les résultats, pour la plupart des causes de décès, étaient grossièrement similaires même si des associations marginalement supérieures étaient vues chez les sujets ayant les IMC les plus bas, suggérant un facteur confondant résiduel avec le tabac. En conclusion, l’association qui relie l’IMC, la mortalité globale et la plupart des causes spécifiques de décès suit donc une courbe en forme de J. Pour ce qui concerne les causes neurologiques, comportementales et mentales et pour les causes externes, un IMC inférieur est associé à une augmentation du risque de mortalité.
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