Stress et cœur : des liens de mieux en mieux connus

19/10/2018 Par Marielle Ammouche
Cardio-vasculaire HTA

Selon une récente enquête Opinion Way, près de 9 Français sur 10 se déclarent stressés. Et bien que 8 sur 10 aient pleinement conscience que le stress peut avoir des conséquences sur leur état de santé, ils ne sont que 51% à citer son impact sur les maladies cardiovasculaires, contre 70% pour les problèmes de sommeil (70 %) et 57% pour les pathologies psychologiques.

  Pourtant, le stress constitue cependant un facteur de risque cardiovasculaire à part entière. C’est pourquoi les experts de la Fédération française de cardiologie (FFD) y ont récemment consacré la 5ème édition de leur "Observatoire du cœur des Français". "La corrélation entre le stress et les maladies cardio-vasculaires est aujourd’hui clairement démontrée" souligne ainsi le Dr Jean-Pierre Houppe (cardiologue à Thionville). L’incidence biologique du stress sur le cœur a été démontrée par une étude, parue en janvier 2017 dans The Lancet et réalisée par des chercheurs de l’université d’Harvard et du Massachusetts General Hospital. Elle mettait en évidence l’implication de l’amygdale dans la survenue d’évènements cardiaques. "En cas de stress trop élevé, une forte activité de l’amygdale stimule la moelle osseuse qui provoque une augmentation des globules blancs et qui, elle-même, mène à l’inflammation artérielle", explique la FFD ans son observatoire. En plus de cette action directe sur les vaisseaux, le stress  a une influence néfaste sur les autres facteurs de risque cardiovasculaire tels que le tabac, l’alimentation, l’activité physique, etc. Et, à l’inverse, un accident cardiovasculaire augmente le stress qui lui-même accroît le taux de récidive.  

Les femmes plus touchées que les hommes

Les femmes apparaissent particulièrement concernées par le lien entre stresse t maladies cardiovasculaires. De nombreuses études ont ainsi montré que les femmes victimes d’infarctus du myocarde précoce avaient un pronostic beaucoup moins favorable que les hommes. A coté des symptômes, et de l’état général des patientes, des facteurs psychosociaux interviennent : "Il a été démontré que de nombreuses femmes victimes d’un infarctus du myocarde se trouvaient dans des situations génératrices de stress : précarité, dépression, conditions de vie difficiles...", détaille le Pr Claire Mounier-Vehier (cardiologue au CHU de Lille et présidente de la FFC).  Le stress resserre les petits vaisseaux et peut provoquer un mécanisme d’inflammation plus fort chez la femme. Pour mieux explorer cette composante, le Pr Viola Vaccarino (Emory University, Etats-Unis) et son équipe ont mis un test de stress mental associé à une évaluation de la perfusion sanguine myocardique par scintigraphie, afin d’identifier une éventuelle ischémie. "Nous avons pu ainsi observer que les femmes ayant été victimes d’infarctus du myocarde développaient 2 fois plus de tissus cardiaques ischémiques que les hommes lorsqu’elles étaient soumises au stress, une tendance encore plus prononcée chez les femmes de moins de 50 ans", explique la chercheuse. L’impact du stress est majeur à tous les âges. Ainsi, le Dr Frédéric Kochman, (pédopsychiatre, Loos-lès-Lille), explique l’augmentation du stress chronique chez les enfants notamment par deux facteurs de risque : "tout d’abord une alimentation déséquilibrée et trop riche en sucres rapides qui aura pour effet d’augmenter le niveau de cortisol, l’une des hormones du stress ; ensuite, la sur-consommation d’écrans, qui même chez les enfants de moins de 2 ans est une source de stress inquiétante. En effet, à cause de ce "baby-sitter" virtuel, ils n’apprennent pas à attendre, à écouter et à interagir avec les autres, et sont en général, 2 fois plus anxieux". De plus, il a été prouvé que le stress chronique engendre des modifications de l’ADN, susceptiobles de se transmettre ensuite d’une génération à l’autres. Le stress au travail a aussi été largement documenté, à l’origine d’un burn, d’un bore-out (ennui), ou d’un brown-out (perte d’énergie totale, le travail n’a plus aucun sens pour l’individu. Dans ce contexte, la FFC rappelle les bons réflexes à adopter pour en réduire l’impact sur le cœur : une activité physique d’au moins 30 minutes par jour ; une alimentation équilibrée ; des exercices de respiration ou par le rire (cohérence cardiaque, yoga du rire); s’accorder du temps pour soi : lecture, musique.

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