Lyme : moins de 10% de diagnostics confirmés, selon une étude française

25/09/2018 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
La maladie de Lyme fait l’objet de nombreuses controverses. Et la publication de recommandations de la Haute Autorité de santé en juin dernier, loin de calmer le débat, l’a en fait amplifié avec notamment la création de l’entité "symptomatologie ou syndrome persistant(e) après une possible piqûre de tique (SPPT)", qui recouvre pour l’essentiel le syndrome post-Lyme ou Lyme chronique, dont la réalité est débattue. Dans ce contexte, une équipe de chercheurs menée par le Pr Eric Caumes a voulu en savoir plus sur la proportion réelle de patients présentant une maladie de Lyme.

Pour cela, ils ont suivi 301 patients ayant consulté pour une suspicion de maladie Lyme au sein du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière entre janvier 2014 et décembre 2017. Dans la grande majorité des cas, les patients étaient considérés comme atteints de la maladie de Lyme s’ils réunissaient quatre critères : une exposition à une tique, des signes cliniques caractéristiques de la pathologie, des tests sérologiques positifs et une guérison après l’administration d’un traitement antibiotique adapté. Ils étaient considérés comme étant possiblement atteints de la maladie de Lyme s’ils validaient trois critères sur quatre.

En outre, dans une approche plus globale, dite "holistique" , qui tient compte de différentes variables du patient (âge, sexe, historique de sa maladie, signes cliniques et symptômes, dossier médical, traitements antibiotiques reçus, résultats des tests, incluant les tests sérologiques pour la maladie de Lyme, et autres examens prescrits), un traitement d’épreuve anti maladie de Lyme était systématiquement administré quand il existait un doute diagnostique et que le patient n’avait pas encore eu de traitement présumé efficace. 91% des patients avaient été exposés à une piqure de tique et 54% avaient été effectivement piqué. Les patients présentaient une médiane de 3 symptômes (1-12) avec une durée médiane des symptômes de 16 mois (1-68). Les résultats ont montré qu’une maladie de Lyme a été confirmée chez environ un patient sur 10 (9,6%) et jugée possible pour 2,9%. Une autre maladie a finalement été diagnostiquée chez 80% des patients. Il s’agissait principalement de problèmes psychologiques (31,2%), de maladies rhumatologiques ou musculaires (19%), de maladies neurologiques (15,2%) ou d’autres maladies (33,7%) dont un nombre non négligeable de syndrome d’apnée du sommeil. Ces patients étaient "significativement plus jeunes, avaient plus de symptômes (fonctionnels), moins de signes physiques (objectifs), une plus longue durée d’évolution et moins souvent des sérologies positives pour la maladie de Lyme", précise l’AP-HP.

De plus, l’étude met en avant un nombre important de traitements anti-infectieux inadaptés. Ainsi, dès la première consultation, plus de la moitié des patients (50,1%) avaient déjà reçu des antibiotiques voire d’autres anti-infectieux (antiparasitaires, antifungiques, antiviraux) pour rien durant une durée médiane de 34 jours (les extrêmes allant de 28 jours à 730 jours). "A l’heure de l’émergence de l’ultra-résistance aux antibiotiques partout dans le monde y compris pour traiter des infections courantes, une telle pression médicamenteuse est peu admissible car elle n’a aucune justification, l’ensemble des études ayant cherché à évaluer correctement l’intérêt d’une antibiothérapie prolongée dans la maladie de Lyme n’ayant montré aucun bénéfice pour les malades", conclue l’AP-HP.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

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