Adiposité, masse maigre et événements cardiovasculaires chez les patients coronariens : il n’y a pas de paradoxe

22/08/2018 Par Pr Philippe Chanson
Cardio-vasculaire HTA
L’effet délétère de l’obésité sur la santé, générale et cardiovasculaire, est largement reconnu. L’obésité est associée à une augmentation du risque de maladie coronaire, d’insuffisance cardiaque, d’hypertension, de fibrillation auriculaire et de diverses autres pathologies cardiovasculaires.

Cependant, plusieurs publications ont mis en évidence un curieux paradoxe concernant l’obésité selon lequel des sujets insuffisants coronariens ou insuffisants cardiaques obèses ou en surpoids (définis par l’indice de masse corporelle, IMC) avaient un meilleur pronostic que ceux de poids normal à pathologies cardiaques et risques cardiovasculaires équivalents. Les causes de ce "paradoxe de l’obésité" ne sont pas claires. En fait, plusieurs facteurs pourraient l’expliquer dont l’incapacité de l’IMC à distinguer entre la masse grasse et la masse maigre dans la population générale et en particulier chez les patients ayant une insuffisance coronaire. Comme la masse maigre a des effets métaboliques protecteurs, l’incapacité de l’IMC à discriminer entre masse grasse et masse maigre pourrait conduire à des suppositions erronées sur l’association entre l’adiposité et le pronostic chez les patients ayant une insuffisance coronaire. Ceci a donc amené une équipe de la Mayo Clinic (Rochester, Etats-Unis) à tester l’hypothèse selon laquelle les patients ayant une insuffisance coronaire et une augmentation du pourcentage de masse grasse avaient un risque supérieur d’événement cardiovasculaire majeur et que, au contraire, la masse maigre était associée à un meilleur pronostic. 717 patients (75 % étaient des hommes, d’âge moyen 61.4 ± 11.4 ans, et avaient un IMC moyen de 30 ± 5.4 kg/m2), adressés pour réhabilitation cardiaque après un événement coronarien ou une procédure coronarienne, ont eu une pléthysmographie afin d’évaluer le pourcentage de masse grasse et de masse maigre. Les patients ont été suivis pour la survenue du critère d’évaluation principal qu’étaient les événements cardiovasculaires majeurs, un critère composite incluant les syndromes coronariens aigus, les revascularisations coronaires, les accidents vasculaires cérébraux ou le décès quelle qu’en soit la cause. Après un suivi médian de 3.9 années, 201 patients ont eu un événement cardiovasculaire majeur. Après ajustement pour les co-variables, l’IMC n’était pas associé aux événements coronariens majeurs (p = 0.12). En revanche, le risque d’événement cardiovasculaire majeur chez ceux du quartile supérieur du pourcentage de masse grasse était pratiquement le double de celui du quartile inférieur (hazard ratio = 1.89 ; IC 95 % = 1.3-2.77, p = 0.0008). En revanche, la masse maigre était associée de manière inverse avec les événements cardiovasculaires majeurs. Le risque d’événements cardiovasculaires majeurs pour ceux qui étaient dans le quartile supérieur de masse maigre était moitié moindre (hazard ratio = 0.53 ; 0.35-0.82, p = 0.004) en comparaison du premier quartile. En conclusion, il n’y a donc pas de paradoxe de l’obésité. En fait les patients qui ont des pathologies coronaires, lorsqu’on mesure le pourcentage de masse grasse et non l’indice de masse corporelle, ont bien un risque supérieur d’événement cardiovasculaire majeur lorsque le pourcentage de masse grasse augmente. En revanche, la masse maigre est associée à un risque inférieur d’événement cardiovasculaire majeur.

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