Le congrès annuel de la Société francophone du diabète (SFD), qui s’est déroulé à Nantes du 20 au 23 mars 2018, a consacré une large part à l’innovation thérapeutique : pancréas artificiels, capteurs de glucose...
D’autres communications se sont intéressées aux facteurs de rémission après chirurgie bariatrique dans le diabète de type 2, à la place de la mesure du score calcique coronaire pour évaluer le risque cardiovasculaire chez les patients encore asymptomatiques, à l’impact de l’insuffisance cardiaque chez les patients âgés. De nouvelles études pourraient, par ailleurs, remettre en question le dépistage précoce du diabète gestationnel. Concernant le pancréas artificiel, les bons résultats obtenus à la fois chez l’adulte et chez l’enfant laisse espérer une commercialisation du premier pancréas artificiel en France d’ici un an environ. Il pourrait changer la vie des patients. "On n'y est pas encore tout à fait, mais cela avance très vite et des progrès décisifs ont été obtenus ces dernières années en matière de pancréas artificiel", a annoncé le Pr Hélène Hanaire, présidente de la Société francophone du diabète (SFD), et chef du service de diabétologie du CHU de Toulouse. Un premier pancréas artificiel (MiniMed 670 G de Medtronic) a reçu en septembre 2016 une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis. "Et, la commercialisation du dispositif français de pancréas artificiel Diabeloop pourrait avoir lieu fin 2018 ou en 2019", espère le Pr Hanaire. Ce dispositif, qui fait l'objet d'une demande de marquage Communauté européenne (CE), est actuellement testé à leur domicile, pour une période de 3 mois, par 70 patients de 12 centres français. Ces pancréas artificiels, dont le fonctionnement repose sur des algorithmes intégrés dans un smartphone dédié, assurent l'administration dans le tissu sous-cutané d'insuline (et parfois aussi de glucagon) grâce à une pompe, les doses étant adaptées en permanence au niveau de la glycémie, mesurée en continu en sous-cutané par un capteur. En automatisant le contrôle glycémique, ils diminuent le nombre d'épisodes d'hypoglycémie nocturne dans le diabète de type 1. Ce qui pourrait être particulièrement intéressant dans certains diabètes instables. "Pour l’instant, on ne sait cependant fabriquer que des pancréas artificiels fonctionnant de manière semi-autonome, le patient devant encore annoncer qu'l va prendre un repas ou pratiquer une activité physique", a reconnu le Pr Hanaire. "De nombreuses études, de plus en plus souvent menées en ambulatoire, ont évalué les performances de ces pancréas artificiels dans des conditions modifiant fortement l'équilibre glycémique comme l'alimentation, l'exercice. D'autres s'intéressent à la situation particulière de la grossesse et de l'accouchement", a complété le Pr Hanaire. De bonnes performances chez les enfants Chez les enfants diabétiques de type 1, le contrôle glycémique peut être très difficile à obtenir. Une étude multicentrique française, conduite avec la participation du Pr Éric Renard (CHU de Montpellier) chez 24 enfants prépubères (âge moyen de 9,4 ans, taux d’HbA1C de 7,5 %), traités par pompe depuis plus de 5 ans, vient de confirmer les bonnes performances d’un pancréas artificiel et sa bonne acceptation par les enfants. Ce système en boucle fermée, dont l’algorithme visait le maintien d’une glycémie entre 0,7 et 1,4 g/L, a été comparé aux effets d’une pompe à insuline, qui s’arrêtait en cas d’hypoglycémie non perçue (0,7 g/L). Les enfants ont reçu successivement les 2 dispositifs (pancréas artificiel ou pompe), lors de 2 sessions de 3 jours, organisées dans un hôtel. Il n’a pas été noté de différence significative s’agissant des hypoglycémies nocturnes entre les 2 systèmes pour les 2 nuits d’évaluation (J2-J3 et J3-J4). En revanche, le pourcentage de temps où la glycémie s’est maintenue entre 0,7 et 1,8 g/L ou entre 0,7 et 1,4 g/L, et la glycémie moyenne, ont été significativement meilleurs au cours de ces 2 nuits avec le pancréas artificiel que sous pompe (67 % versus 41 %, 42 % versus 20 %, 1,62 versus 1,92 g/L). Sur 48 heures, ces indices glycémiques étaient également significativement meilleurs sous pancréas artificiel (64 % contre 48 %, 39 contre 28 %, 1,6 contre 1,8 g/L). "Une étude devrait débuter en France, en juin 2018 chez 120 enfants utilisant pendant 9 mois le pancréas artificiel dans des conditions de vie réelle", a annoncé le Pr Renard. Une autre étude, AP ski, mise en place par Marc Breton et coll à l’Université de Virginie (Charlottesville), a testé le pancréas artificiel UVA_CLC chez 32 adolescents de 10 à 16 ans, pratiquant le ski/snowboard pendant 5 jours. Sous pancréas artificiel, l’équilibre glycémique a été amélioré avec une réduction de moitié du temps passé en hypoglycémie, l’effet étant plus marqué chez les skieurs débutants.
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