Hypersensibilité : une expertise conclut à l’absence de lien avec les ondes électromagnétiques

27/03/2018 Par Marielle Ammouche
Santé publique

Depuis de nombreuses années, la question d’une pathologie liée à l’exposition aux champs magnétiques émis par les appareils électroménagers, installations électriques et autres dispositifs communicants, fait débat.

C’est pourquoi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a conduit une expertise dans ce domaine de l’hypersensibilité électromagnétique (EHS) et de l’intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques (IEI-CEM), dont les résultats viennent d’être rendus public. Il en ressort que, malgré le fait que le lien causal avec les ondes électromagnétiques n’est pas établi, la souffrance des personnes doit être prise en compte. Les auteurs de l’expertise se sont basés sur une analyse de la littérature, de nombreuses auditions (médecins hospitaliers et généralistes, chercheurs, associations et personnes concernées), ainsi que sur plus de 500 contributions de scientifiques et parties prenantes intéressés par ce sujet, dans le cadre de la consultation publique ouverte du 27 juillet au 15 octobre 2016. Les auteurs du rapport concluent à l’absence de preuve scientifique : "les connaissances scientifiques actuelles ne mettent pas en évidence de lien de cause à effet entre les symptômes dont souffrent les personnes se déclarant EHS et leur exposition aux ondes électromagnétiques". Les symptômes observés sont très variés et aspécifiques (troubles du sommeil, maux de tête, vertiges, nausées, démangeaisons, irritabilité, crise d’angoisse, acouphènes, douleurs cervicales…). Et du fait qu’il n’existe pas de critères de diagnostic de l’EHS validés, sa définition "repose sur l’auto-déclaration des personnes" précisent les experts. Ils n’éliminent pas un effet nocebo, qui "joue certainement un rôle non négligeable dans la persistance de l’EHS". Cependant "sa survenue n’exclut pas la présence d’une affection organique non identifiée". L’Agence souligne donc la nécessité de ne pas négliger les douleurs et la souffrance des patients, qui "correspondent à une réalité vécue, les conduisant à adapter leur quotidien pour y faire face" ; d’autant que ces symptômes ont un impact majeur sur la qualité de vie, et entrainent un isolement psychosocial. Cela justifie "une prise en charge adaptée par les acteurs des domaines sanitaire et social". Ils recommandent de solliciter la Haute autorité de santé (HAS) afin d’examiner la pertinence de formuler des recommandations destinées aux professionnels de santé dans ce domaine. L’Agence recommande également de développer la formation des professionnels de santé et des acteurs sociaux sur cette problématique. Enfin, elle souhaite développer la recherche en renforçant les interactions entre scientifiques et associations de personnes se déclarant EHS ; en soutenant la mise en place d’infrastructures de recherche adaptées à l’EHS, pour réaliser notamment des études de suivi à long-terme, et en veillant à ce que les conditions expérimentales soient contrôlées et prennent en compte les conditions de vie des personnes se déclarant EHS ; et enfin en pérennisant le financement. 

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