Les médicaments anticholinergiques apparissent comme les plus à risque.
Le vieillissement n’est pas un processus homogène. Et certaines personnes âgées, dites “fragiles“, présentent une vulnérabilité accrue aux facteurs de stress (tels qu’un épisode infectieux), qui augmentent le risque de dégradation de leur santé et d’évolution vers la dépendance. Ce concept a été largement étudié et il en ressort des critères phénotypiques caractéristiques. Ainsi, le patient fragile présente un épuisement avec une fatigue physique, une perte de 5 % du poids au cours des douze derniers mois, une faiblesse musculaire (difficulté à porter un sac pesant 5 kg ou à se pencher ou à s’agenouiller sans aide), une réduction de la mobilité, et un faible niveau d’activité physique. Depuis quelques années, la Haute Autorité de santé (HAS) tente d’améliorer la détection et la prise en charge de la fragilité des personnes âgées. L’un des axes de ce travail est la simplification du traitement médicamenteux des séniors et la réduction de la polymédication, qui expose à un risque accru d’effet secondaires, mais aussi de « prescriptions potentiellement inappropriées » ou PPI, c’est-à-dire des médicaments présentant un risque bien établi d’effet indésirable chez les personnes âgées ou des médicaments dont l’efficacité est discutable. Un sujet sur deux polymédiqué Dans ce contexte, l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes), a mené une étude dont l’objectif était d’analyser la relation entre l’usage de médicaments et la fragilité, en tenant compte de la quantité de médicaments prescrits (polymédication) et de la qualité de la prescription (selon les critères français de PPI) chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Les données sont issues de l’Enquête santé et protection sociale (Espes) de l’Irdes. Les résultats, qui ont été publiés récemment (Questions d’économie de la santé, n°230 ; février 2018) montrent qu’une polymédication est fréquente chez les plus de 65 ans, et confirme le risque de fragilité. Ainsi, une polymédication et une polymédication excessive ont été rapportées chez respectivement 43 % et 27 % de la population étudiée, et 47 % de la population de l’étude ont reçu au moins une PPI. Les médicaments les plus fréquemment impliqués étaient : les benzodiazépines, les anticholinergiques, les Ains et les vasodilatateurs cérébraux. « Cependant, l’usage inapproprié des antidépresseurs restait limité dans notre étude » ajoutent les auteurs de l’Irdes. Les données établissent aussi qu’un accroissement de la prévalence de la polymédication et des PPI est associé à une augmentation du nombre de critères de fragilité. Et ce sont les médicaments anticholinergiques qui apparaissent associés avec le niveau de fragilité le plus élevé. Les auteurs concluent que cette étude « doit sensibiliser à l’utilisation excessive de médicaments chez les personnes âgées et encourager les médecins à supprimer les prescriptions dont le faible rapport bénéfices/risques pour leurs patients est connu, en particulier les médicaments anticholinergiques ».
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