Iatrogénie médicamenteuse : 45 à 70% des accidents seraient évitables
Dans un contexte de doutes et de méfiance vis-à-vis du médicament, les entreprises du secteur (représentants des pharmaciens, des médecins, Ordre national des infirmiers, des masseurs-kinésithérapeutes, entreprises du médicament, institutions de prévoyance, gestionnaires d’Ehpad, services et soins à la personne, et éditeurs de données et de logiciels) réunies au sein du "Collectif bon usage du médicament" ont décidé de lancer un appel pour améliorer l’usage du médicament. Elles considèrent, en effet, que 45 à 70% des 10.000 décès et 130.000 hospitalisations qui leur sont liés sont des accidents évitables. "Mauvais dosage, mauvaise prise, non-respect du traitement prescrit, interaction entre plusieurs médicaments… les causes d’un accident lié à un médicament sont diverses et les conséquences loin d’être anodines", rappelle ainsi le Collectif. Les personnes âgées sont particulièrement concernées du fait de la polymédication. En moyenne, les sujets entre 75 et 84 ans consomment 4 médicaments par jour. La moitié des plus de 75 ans en consomment au moins 5 durant un trimestre. Et une utilisation de médicaments inappropriés est retrouvée chez 53,5 % des patients de plus de 75 ans.
C’est pourquoi le Collectif à l’origine de cette tribune a pour objectif, depuis 2015, de sensibiliser au bon usage du médicament. Il a développé en particulier un programme d’actions ciblées sur les personnes âgées. Trois années plus tard, cet objectif est inscrit dans la Stratégie nationale de santé du gouvernement (2018 – 2022) comme une priorité. Pour aller plus loin, ce collectif formule 10 préconisations, qui sont présentées lors d’un colloque auquel assiste la ministre de la Santé Agnès Buzyn, organisé ce jeudi 22 mars. L’ensemble des acteurs de santé sont impliqués. Il s‘agit tout d‘abord de fixer un objectif de réduction des décès et des hospitalisations dus au mauvais usage du médicament, à 5 ans, et créer un Observatoire du bon usage du médicament. Concernant les professionnels de santé, les auteurs affirment la nécessité de renforcer la formation dans ce domaine, d’encourager la coopération médecins-pharmaciens au travers du Développement professionnel continu, de généraliser dans les logiciels d’aide à la prescription la détection des interactions médicamenteuses provenant de multi-prescriptions, d’accélérer, via le Dossier médical partagé, la mise à disposition des outils de partage des données patients entre professionnels de santé, et de rendre inter-opérables les messageries sécurisées entre professionnels de santé (ville/hôpital). Ils proposent aussi de mettre en place un numéro vert à destination des médecins et pharmaciens pour leur permettre de contacter un référent médicament dans les situations complexes. Enfin, sur un plan plus général ils souhaitent sensibiliser les jeunes et les salariés au bon usage du médicament via le service sanitaire, et relancer les campagnes d’information grand public sur le bon usage, portées par les autorités de santé.
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