Contrairement à ce qui avait été suggéré par les études observationnelles, les essais randomisés dont les résultats avaient été rapportés jusqu’à fin 2012 et qui ont fait l’objet à l’époque de méta-analyses n’ont pas confirmé que la supplémentation en vitamine D pouvait protéger des pathologies non squelettiques chez les adultes.
Afin d’examiner si les méta-analyses et les nouveaux essais plus récemment publiés changeaient les conclusions tirées en 2012, une équipe française a revu systématiquement les méta-analyses portant sur la supplémentation en vitamine D dans les pathologies non squelettiques publiées entre 2013 et 2017, incluant des participants de tous les âges dont les femmes enceintes. Ils ont aussi inclus les nouveaux essais randomisés qui n’avaient pas été inclus dans les méta-analyses précédentes. 87 méta-analyses ont ainsi été analysées dont 52 ont été exclues parce qu’elles contenaient moins de littérature récente ou étaient de qualité médiocre. 202 articles sur des essais qui n’étaient pas inclus dans les méta-analyses ont été repris. Les méta-analyses récentes renforcent le résultat selon lequel 10 à 20 µg de vitamine D chaque jour permet de réduire la mortalité globale et la mortalité par cancer chez les sujets d’âge moyen et chez les sujets âgés. Même si les doses de vitamine D sont supérieures à celles évaluées dans le passé, les auteurs n’ont pas trouvé de nouveaux arguments pour penser que la supplémentation en vitamine D aurait un effet sur la plupart des pathologies non squelettiques, en particulier les maladies cardiovasculaires, l’adiposité, le métabolisme glucidique, les troubles de l’humeur, la fonction musculaire, la tuberculose, les adénomes colorectaux ou les pathologies maternelles et périnatales. Les nouvelles données sur le cancer sont hétérogènes. La compilation des résultats des 83 essais montre que la supplémentation par vitamine D n’a pas d’effet significatif sur les biomarqueurs de l’inflammation systémique. La principale donnée nouvelle sortant de cette revue systématique est que la supplémentation en vitamine D pourrait aider à prévenir les infections des voies aériennes supérieures communes et les crises d’asthme. Il y a cependant peu d’arguments pour suggérer que la supplémentation en vitamine D a un effet sur la plupart des pathologies, dont l’inflammation chronique, malgré l’utilisation de doses croissantes de vitamine D, renforçant l’hypothèse que le statut de déficit en vitamine D est une conséquence d’une pathologie plus que sa cause. Si l’on en croit les différentes études, la supplémentation en vitamine D pourrait exercer un effet immunomodulateur renforçant la résistance aux infections aiguës réduisant ainsi le risque de décès chez des sujets fragiles. Il faut souligner que de nombreuses méta-analyses ne sont pas de qualité optimale, ce qui pose des problèmes. Les futures revues systématiques sur la vitamine D doivent être basées sur le partage de données de sorte que les données pour les participants avec les mêmes critères d’évaluation, mesurés de la même façon, puissent être poolés afin de générer des preuves plus fortes.
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