Compte tenu de l’importance de l’examen visuel, la dermatologie est une spécialité particulièrement adaptée à la télémédecine. Notamment le dépistage des mélanomes. Mais cette activité n’est pas aujourd’hui valorisée et n’entre pas dans le cadre médico-juridique définissant la télémédecine. Ces difficultés favorisent une « télédermatologie clandestine ». La télémédecine a connu un essor majeur ces dernières années, aidée par l’avènement du numérique et la transmission rapide des données par internet. Elle obéit à des règles d’exercice professionnel qui ont été légalisées et définies juridiquement en 2009 par la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoire et son décret d’octobre 2010. L’importance de l’examen visuel en dermatologie en fait une application de choix. Les dermatologues sont ainsi souvent sollicités par leurs confrères généralistes ou spécialistes pour donner des avis sur des photographies numériques. Cette activité demande du temps, n’est pas valorisée actuellement et n’entre pas dans le cadre médico-juridique définissant la télémédecine. Ces difficultés de financement favorisent une « télédermatologie clandestine », à savoir les demandes d’avis adressés par les médecins généralistes à leurs confrères hospitaliers ou libéraux, par messagerie électronique ou smartphones. Une étude sur deux mois dans trois régions de France a recensé 287 avis parmi 30 praticiens, le temps médical humain cumulé étant estimé à 29 heures. Pourtant, en facilitant les coopérations à distance, la télémédecine constitue un outil de mise en réseau des médecins généralistes et des médecins spécialistes voire des paramédicaux et des autres professionnels de santé. Elle s’inscrit comme un outil de collaboration notamment dans le cadre de pathologies coûteuses pour la collectivité. En dermatologie, c’est le cas par exemple des plaies chroniques mais aussi des cancers de la peau et notamment du dépistage du mélanome. Quelques analyses ont déjà été réalisées comparant les performances d’une consultation traditionnelle par rapport à la télédermatologie de type télé-expertise, ou store and forward (SF). Globalement, la concordance interobservateurs et intraobservateurs est bonne par rapport à une consultation classique ; la télédermatologie semble un peu moins performante qu’une consultation en face-à-face, mais les décisions sont globalement similaires. Dans une étude américaine portant sur 542 patients, sept mélanomes sur 36 étaient mal identifiés en SF, ce qui incite à la prudence. Il s’agit donc plus d’un outil de triage des lésions en amont d’une consultation spécialisée. Il reste aux pouvoirs publics à mettre en place une politique tarifaire afin de pouvoir rémunérer les actes pratiqués sous cette forme, l’économie globale étant plus que substantielle. Et il est essentiel pour les praticiens de respecter les règles qui assurent une confidentialité des données personnelles des patients.
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