Epidémiologie de l’hyperprolactinémie : leçon écossaise !

31/03/2017 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme

L’hyperprolactinémie est un problème fréquent en pratique endocrinienne. En dehors de la grossesse et de la lactation, les étiologies sont multiples, qu’il s’agisse d’une cause médicamenteuse, d’une hypothyroïdie ou d’une pathologie hypothalamique ou hypophysaire.

Des données provenant de séries ou d’études transversales chez les patients ayant une hyperprolactinémie suggèrent que les prolactinomes et les autres tumeurs hypophysaires représentent 35 à 70 % des hyperprolactinémies et que le reste, 28 à 46 %, correspond à une hyperprolactinémie idiopathique, la majeure partie des études excluant les hyperprolactinémies secondaires à des médicaments. Afin de mieux connaître l’incidence et la prévalence de l’hyperprolactinémie, une étude de suivi rétrospective de population basée sur 400 000 personnes dans la région de Tayside en Ecosse, entre 1993 et 2013, a été mise en place. Toute une technologie de mise en relation des données enregistrées concernant les dosages hormonaux, la prescription, les admissions hospitalières, les examens de radiologie, les données de mortalité et de maternité ont permis d’identifier tous les patients ayant eu une mesure de la prolactine et leurs étiologies. A partir de ces données, les cas ont été définis comme étant les sujets ayant une prolactine > 1000 mU/l, soit 47.2 ng/ml ou au moins 3 prescriptions d’agoniste dopaminergique. Au total, 32 289 sujets ont eu une mesure de la prolactine. 1 301 de ces sujets avaient une hyperprolactinémie non en relation avec une grossesse : 25.6 % avaient une pathologie hypophysaire, 45.9 % avaient une hyperprolactinémie en rapport avec la prise d’un médicament, 7.5 % avaient une macroprolactinémie (artefact de dosage de la PRL) et 6.1 % avaient une hypothyroïdie; laissant donc un total de 15 % de patients ayant une hyperprolactinémie idiopathique, c’est-à-dire n’entrant pas dans une des catégories précédentes. Sur les 20 années de suivi, entre 1993 et 2013, on observe une multiplication par 4 du nombre de dosages de prolactine et la prévalence de l’hyperprolactinémie, qui était initialement de 0.02 %, a augmenté à 0.23 % en 2013. L’incidence globale était de 13.8 cas pour 100 000 personnes/année (elle était de 20.6 entre 2008 et 2013) et était 3.5 fois supérieure chez les femmes en comparaison des hommes. Les taux les plus élevés étaient trouvés chez les femmes âgées de 25 à 44 ans. Les causes en rapport avec la prise de médicament ont triplé au cours des 20 années de suivi. L’augmentation de la prévalence de l’hyperprolactinémie est donc probablement liée à une augmentation de l’évaluation et de l’incidence des hyperprolactinémies en rapport avec une prescription de médicaments psychoactifs. Les taux restent supérieurs chez les femmes en comparaison des hommes mais seulement avant l’âge de 65 ans.

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