La ministre de la Santé Mme Marisol Touraine a signé le 28 mars, l’arrêté de déremboursement des dispositifs d’acide hyaluronique injectable dans l’arthrose. Cette décision prendra effet en juin 2017.
Après le déremboursement en janvier 2015 des anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL), ce nouveau déremboursement indigne l’ensemble des acteurs qui s’occupe de rhumatisme* et qui s’interrogent en se demandant à qui profite ces déremboursements ? En effet, malgré une pétition de près de 370 000 signatures pour dire "non" au déremboursement de l’arthrose, le Dr Laurent Grange qui préside l’Association Française de Lutte Antirhumatismale (AFLAR), regrette nous n’avons pas été entendu alors qu’aucune pétition n’a rassemblé autant de patients". Dans un communiqué, l’AFLAR exprime "sa colère et sa profonde déception" suite à ce déremboursement "désastreux pour des millions de patients arthrosique". Pour l’association, cette décision "montre le dédain de la prise en charge de l’arthrose par les pouvoirs publics. Cette signature piétine des années de combat et présage d’un problème de santé publique pour les années à venir !" L’AFLAR rappelle qu’en France, jusqu’à présent, on avait recours deux fois moins que nos voisin européens aux prothèses de genoux, "grâce à cette prise en charge médicale de l’arthrose et aux soins des médecins généralistes, rhumatologues et médecins rééducateurs". Ce déremboursement aura deux conséquences : d’une part de priver les patients les plus défavorisés d’accéder aux soins, 85 % des patients avec un revenu inférieur à 1 000 € rencontrent des problèmes d'accès aux soins de l'arthrose (Claude Le Pen, Revue du Rhumatisme 72 (2005) 1326-1330) ; d’autre part de reporter les prescriptions vers des traitements plus dangereux, plus coûteux pour l’assurance maladie et pas plus efficaces. Il reste dans l’arsenal thérapeutique les injections de cortisone, qui ne sont pas anodines, les AINS, dont plusieurs sont disponibles en automédication, avec un risque élevé de mésusages, d’autres qui seront prescrits par les médecins en l’absence d’autres choix possibles, avec le cortège d’effets secondaires liés à cette classe thérapeutique. Les patients vont se retourner également vers les antalgiques et notamment le paracétamol qui, à doses trop élevées ou sur une durée trop longue, peut avoir une toxicité hépatique, voire digestive, cardio- vasculaire ou rénale… Sans compter sur les reports vers d’autres substances non validées. L’AFLAR espère inverser le processus de déremboursement en interpellant les 11 candidats de la présidentielle avec une lettre adressée à chacun, qui sera envoyée la semaine prochaine. « Nous ne pouvons pas abandonner 10 millions de citoyens atteints d’arthrose ! » déplore Laurent Grange. L’arthrose constitue le premier motif de consultation médicale, après les maladies cardiovasculaires et elle est la première cause d’incapacité fonctionnelle pour les personnes de plus de 40 ans et la deuxième cause d’invalidité en France. * Le Collège Français des Médecins Rhumatologues, la Société Française de Rhumatologie, le Conseil d’Administration du Syndicat National des Médecins Rhumatologues et l’AFLAR.
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