Ils se battent depuis plus de trois mois pour réparer une “injustice” dont ils estiment être les victimes. Pourtant classés dans le numerus apertus à l’issue du concours de fin d’année, ces étudiants en Pass à l’Université de Paris ont été exclus de la deuxième année de médecine à l’issue de deux épreuves orales organisées par la faculté, en plus du concours.
Car désormais, dans le cadre de la réforme du premier cycle des études de médecine, le numerus clausus a été supprimé au profit d’un numerus apertus. Au sein de l’université parisienne, 520 places ont ainsi été ouvertes aux 1.800 étudiants de la filière Pass pour intégrer médecine. A l’issue du traditionnel concours écrit destiné à classer les candidats, seuls 260 “grands admis” ont toutefois pu directement accéder à la deuxième année. Les étudiants restants ont, eux, été re-départagés par deux oraux de dix minutes : le premier était une mise en situation, où les étudiants devaient répondre à une question ouverte, puis échanger cinq minutes avec le jury. Le second oral était une analyse d’articles pas forcément en rapport avec la santé, puis un échange de cinq minutes avec le jury.
Mais, à leur grande surprise, ces oraux qui devaient compter pour 50% de la note servant au classement final ont en réalité compté pour au moins 70%. En cause : le principe de note de rang, décidé par la faculté. “C’est une formule de mathématicien, selon laquelle on divise tout par un dénominateur N, qui est le nombre d’inscrits à la filière (...) Ils ont inventé ça, sauf qu'ils n'ont pas respecté les règles qu’ils ont inscrites dans le règlement. Ils étaient censés garder le même N, le fameux dénominateur, entre l’écrit et l’oral, et ils ont changé. Pourtant, tout le monde sait depuis le CP qu’on ne peut pas comparer deux groupes différents. Là, ils ont comparé un groupe de 675 à un groupe de 1800…”, expliquait Antoine à Egora, il y a quelques semaines.
Furieux, ces 42 étudiants, réunis en collectif, ont donc décidé de lancer un sit-in devant le ministère de l’Enseignement supérieur, ainsi qu’une grève de la faim. Côté justice, deux référés ont été déposés devant le tribunal administratif de Paris. Le premier est un référé de suspension, qui, pour être validé, doit respecter une motion d’urgence. Le second...
est un recours au fond. Les jeunes étudiants ne demandent qu’une chose : leur ré-intégration dans les études de médecine. En attendant, ne pouvant continuer en Pass, rentrée universitaire oblige, ils ont tous été contraints de s’inscrire en deuxième année de LAS, qui leur permettra, grâce à une passerelle, d’avoir une dernière chance pour candidater aux études de médecine.
Vidal botte en touche
Sensibilisé à leur situation, le sénateur de la Côte-d’Or Alain Houpert (LR) a décidé d’interroger la ministre de l’Enseignement supérieur le 6 octobre dernier lors des “Questions au Gouvernement” sur le sujet. En réponse, Frédérique Vidal a d’abord préféré saluer les 17.660 jeunes qui “cette année, entament leur formation médicale en deuxième année”. “Ils sont 2663 de plus que l’année dernière”, a aussi rappelé la ministre pour souligner le fait que le numerus apertus a permis d’élargir le nombre de futurs médecins formés en France.
Mais, sur le cas des étudiants parisiens, Frédérique Vidal, sans apporter de réponse claire, a préféré botter en touche : “Je pense que personne ici ne souhaiterait que les jurys de concours soient menés par les politiques. Les jurys et épreuves que vous évoquez ont été pensés par les professeurs de médecine pour recruter leurs futurs collègues. Je crois que de ce point de vue là, il me paraît important qu’on puisse respecter ce que souhaite le jury”, a répondu la ministre.
Selon elle, la vraie question qui se pose est celle des déserts médicaux. Vantant les progrès apportés par la réforme du premier cycle des études de médecine, comme le numerus apertus, la possibilité de démarrer des études de médecine partout dans les territoires ou de faire des stages d’externat et d’internat partout, elle a affirmé qu’il s’agissait-là du “vrai sujet”. “Comment voulez-vous qu’on lutte contre les déserts médicaux en concentrant toute la formation médicale dans 34 grandes villes françaises ?”, a-t-elle demandé en retour au sénateur Houpert.
Devant le mécontentement du politique, la ministre a toutefois fini par déclarer que “tout est fait pour que ces jeunes puissent présenter, en deuxième année, à nouveau le concours”, faisant référence à leur inscription en deuxième année de LAS. “Bien sûr nous ferons ce qu’il faut pour les accompagner dans les établissements”, s’est aussi engagé Frédérique Vidal.
Comment ne pas répondre à une question ! https://t.co/vVj6OsRls5
— Alain Houpert (@alainhoupert) October 10, 2021
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