Médicament : moins prescrire pour mieux soigner
Malgré une prise de conscience des professionnels de santé, la France reste en seconde position en Europe en matière de consommation de médicaments par habitant1.
Le rôle du médecin est fondamental pour lutter contre cette surconsommation, tant pour limiter la prescription initiale de certaines classes thérapeutiques, favoriser l’adhésion des patients aux prescriptions non-médicamenteuses ou pour réévaluer régulièrement les ordonnances.
La consultation vue par les patients 2
- Seules 22 % des consultations se terminent sans prescription de médicaments.
- Pour 57 % des patients, la prescription de médicaments est l’une des principales attentes d’une consultation.
- 9 Français sur 10 accepteraient la non-prescription de médicaments si elle était accompagnée d’explications du médecin.
Des objectifs inscrits dans la nouvelle convention médicale
- Polymédication : diminuer respectivement de 4 et 2 molécules, le traitement chronique des patients hyperpolymédiqués et des patients polymédiqués de 65 ans et plus
- Antibiotiques : diminuer la consommation de 10% dès 2025 et de 25% à horizon 2027
- Inhibiteurs de la pompe à protons : diminuer de 20% les prescriptions chez l’adulte et limiter chez l’enfant les prescriptions aux seules indications recommandées par la HAS
Interview : 3 questions au docteur Corentin Lacroix, médecin généraliste
D’où provient cette surconsommation ?
« C’est un problème en partie culturel. Il y a une habitude, tant du côté patient que du côté médecin à conclure la consultation par une ordonnance de médicaments. Mais on peut changer ces habitudes ! »
Comment abordez-vous la déprescription ?
« La déprescription est une étape délicate, surtout pour les patients âgés qui prennent des médicaments depuis longtemps. Il faut déjà prendre le temps d’en parler. J’essaye d’aborder les effets secondaires et les risques associés à une prise prolongée de certains médicaments.
Pour les somnifères par exemple, je propose une réduction progressive, en discutant avec le patient pour adapter la démarche à son rythme. L’approche consiste à diminuer petit à petit pour éviter un arrêt brutal. La négociation et la pédagogie sont essentielles pour obtenir l’adhésion du patient. »
Quelles alternatives proposez-vous à vos patients ?
« Je prescris des ordonnances... de conseils. C’est très utile lors des épisodes de bronchiolites ou de gastroentérites pour rappeler les signes à surveiller. Il m’arrive aussi de prescrire des vidéos pour montrer comment faire un lavage de nez.
Au début, certains patients peuvent être sceptiques, mais avec le temps, ils apprécient souvent cette approche plus douce et responsable. »
1. DRESS - Comptes de la santé. 2023 ;
2. BVA - Étude quantitative auprès d’un échantillon représentatif de la population française. Août 2024.
Informations communiquées par l’Assurance Maladie
La sélection de la rédaction