Repérer les syndromes gériatriques pour anticiper une dégradation de la santé
Des auteurs néerlandais et suédois ont mené une étude (Rausch C. et al., Jamda, janvier 2022) pour savoir si les syndromes gériatriques (SG) prédisposent à la survenue de maladies chroniques ou en sont les conséquences. « C'est important car repérer les SG est un indicateur de santé significativement associé à un mauvais pronostic », souligne le Pr Chassagne. Dans une cohorte néerlandaise (n=167 000), environ 10 000 personnes, vivant à domicile, ont été suivies tous les ans à l’aide d’un questionnaire dont l’objectif est d’identifier des SG. « Ce questionnaire est une photographie de la santé de ces personnes prise de façon longitudinale. En France, nous n’utilisons pas les questionnaires à la différence de l’Amérique du Nord ou de l’Europe du Nord. Les réponses à ces questions de bon sens (comme avoir des difficultés pour entendre ou pour voir, être incontinent…) permettent de cocher les cases signifiant la présence d'un ou plusieurs SG », poursuit le spécialiste.
Ainsi dans cette population d’adultes jeunes au départ (environ 65 ans), en bonne santé, qui n'ont pas de maladie chronique au début, un SG est identifié dans 45% des cas. « C’est intéressant car nous considérons habituellement qu’il s’agit du problème des gens âgés or un SG peut apparaître dès 65 ans. Le deuxième point intéressant est qu’avec la présence d’un ou plusieurs SG, la probabilité de voir apparaître une maladie chronique (insuffisance respiratoire, diabète principalement) est de 37%, alors qu'au départ elle n’existe pas. Une hypothèse est que le SG apparait avec la réduction des réserves d’une personne en l’exposant à la survenue d’une maladie. L'autre hypothèse est que le SG est un témoin de la dégradation de la santé d’un ou plusieurs organes que nous n’avons pas encore dépistés. Cela signifie que des éléments mineurs de notre santé d'adultes ne sont jamais banals et doivent alerter les médecins afin de ne pas négliger une dégradation future assez rapide de la santé d’un patient », conclut le Pr Chassagne.
Le Pr Christian Roux et son équipe ont présenté les résultats d’une étude (Roux C. et al., Rheumatology, novembre 2021) qui a permis d’analyser 150 000 scanners d’abdomen ou de colonnes vertébrales de patient(e)s. L’objectif était de rechercher des fractures de vertèbres asymptomatiques et ainsi suspecter l'existence d'une ostéoporose compliquée de fractures non diagnostiquées (chez les femmes en particulier). « Les fractures vertébrales ostéoporotiques sont très fréquentes et graves. Elles sont associées à une surmortalité ou à une récidive. Dans 2/3 des cas, elles sont asymptomatiques », indique le Pr Chassagne.
Cette étude française s’est appuyée sur le logiciel PAX utilisé dans les hôpitaux français. Une intelligence artificielle a mesuré semi-automatiquement, pour chaque scanner, la hauteur des vertèbres lombaires afin d’identifier si elle était normale ou diminuée ainsi que la densité de l’os. Les résultats montrent une prévalence de 25% de fractures vertébrales (≥ 1) chez des personnes de + de 60 ans. « Un scanner réalisé pour une tout autre cause peut mettre en évidence des fractures méconnues, mesurer la densité de l’os et permettre de poser le diagnostic d’ostéoporose sans surcoût supplémentaire. Alors que de nombreux examens ne servent souvent à rien, avec cette méthodologie, les scanners sont réétudiés afin d’identifier des vertèbres cassées. C’est une piste très intelligente », conclut le Pr Chassagne.
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