Un des espoirs futurs dans la maladie d’Alzheimer est de pouvoir identifier le plus précocement possible la maladie, avant que ne se déclarent les premiers symptômes. On sait en effet qu’il existe un délai de plus de dix ans entre les premières lésions de cette pathologie neurodégénérative et leur expression clinique. L’idéal serait même de pouvoir intervenir encore plus en amont, au niveau des facteurs de risque de développement de la maladie.
Pour tenter d’en savoir plus dans ce domaine, une équipe de scientifiques pluridisciplinaire associant des chercheurs de l'équipe-projet Aramis, à l’Institut du Cerveau (lnserm/CNRS/Sorbonne Université), de l'Inserm/Université de Bordeaux et de Cegedim Health Data, a analysé des dossiers de santé anonymisés de près de 40.000 patients atteints de maladie d’Alzheimer, consultant chez des médecins généralistes en France et au Royaume-Uni, issus de la base de données THIN (The Health Improvement Network). Ces patients ont été comparés à 40.000 sujets témoins, indemnes de la maladie.
A partir de ces données, les scientifiques ont testé le lien entre apparition d’une maladie d’Alzheimer et 123 facteurs de santé variés. Ils ont ainsi réussi à identifier dix pathologies plus fréquemment développées par les patients qui déclareront une démence due à la maladie d’Alzheimer dans les quinze ans que par des patients du même âge. Certaines étaient déjà connues, mais d’autres sont apparues plus surprenantes. Il s’agit en premier de pathologie psychiatriques : la dépression figure en tête, suivie par l'anxiété, l'exposition à un stress important. Viennent ensuite la perte d'audition, la constipation, la spondylarthrose cervicale, les pertes de mémoire, la fatigue (et les malaises), et enfin les chutes et les pertes de poids soudaines.
"Les rapprochements effectués nous ont permis de confirmer des associations connues, comme les problèmes d'audition ou la dépression, et d'autres facteurs ou symptômes précoces qui le sont moins, comme la spondylarthrose ou la constipation. Cependant, nous ne faisons que rapporter des associations statistiques. Celles-ci devront faire l’objet d’études complémentaires pour comprendre les mécanismes sous-jacents", confie le chercheur Thomas Nedelec, de l’équipe Aramis. En outre, pour cet auteur, l’étude ne permet pas de savoir si "les problèmes de santé rencontrés sont des facteurs de risque ou bien des symptômes ou signes avant-coureurs de la maladie". Cependant, il pourrait être intéressant de détecter ces facteurs de risque, avec l’espoir de pouvoir prévenir la maladie.
De nouvelles études, plus larges, seront nécessaires pour affiner ces données. Les recherches porteront aussi sur d'autres maladies dégénératives (Parkinson, maladie de Charcot, sclérose en plaques...). "Nous espérons, à travers cette approche, identifier le socle commun de ces pathologies et les spécificités associées à chacune", conclut Stanley Durrleman, dernier auteur de cette étude.
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