Projet Icope : un programme pour mieux prendre en charge la dépendance 

13/12/2021 Par Marion Jort
Gériatrie
Présenté au cours du Coll’Occ en soins primaires organisé par la Forms, qui s'est tenu en octobre à Carcassonne, le projet Icope a pour ambition de limiter le nombre de personnes âgées dépendantes dans les années à venir. Il repose sur cinq grands axes de travail et une coopération entre professionnels de santé, patients et aidants.  

“Avec Icope, on va transformer la médecine vers la prévention” : présent au Coll’Occ en soins primaires à Carcassonne le 9 octobre dernier, le Pr Bruno Vellas, chef du pôle gériatrie-gérontologie au CHU de Toulouse, a profité de la présence de plusieurs centaines de soignants venus de toute l’Occitanie pour leur présenter le projet Icope, dont l’ARS souhaite faire “un modèle” dans la région. Le gérontopôle du CHU de Toulouse est, en effet, un centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la fragilité, la recherche clinique et la formation en gériatrie.  

L’objectif de ce programme de santé publique est de permettre au plus grand nombre de patients de vieillir en bonne santé. Pour y parvenir, l’OMS a sélectionné six critères d’évaluation et de surveillance : l’audition, l’état psychologique, la mobilité, la mémoire, la nutrition et la vision. Icope repose notamment sur une approche basée sur la personne, de son environnement à son mode de vie, en le faisant devenir acteur de sa prise en charge. “On voudrait pouvoir prévenir 15 millions de personnes âgées dépendantes d’ici 2025 soit 150.000 personnes en France dont 15.000 en Occitanie”, a détaillé le Pr Vellas. Pour le gériatre, l’intérêt d’Icope est de s’occuper d’emblée des personnes robustes, “pour leur éviter de devenir fragiles puis dépendants”. Il préconise ainsi de cibler tous les patients après 70 ans, et ceux souffrant de pathologies chroniques dès 60 ans.  

Cinq étapes structurent le programme. La première est une phase de repérage, via un questionnaire (disponible sur l’application IcopeMonitor). Des questions simples sont posées aux patients, sur la mémoire par exemple. “On demande notamment quelle est l’année, le mois, le jour de la semaine et le jour du mois, explique le Pr Vellas. On peut très bien oublier qu’on est le 1er novembre, mais si quelqu’un ne se souvient pas qu’on est samedi, à ce moment-là vous devez lui demander d’aller voir le médecin traitant, qui devra décider s’il est nécessaire ou pas de demander une consultation mémoire ou autre chose.” D’autres questions ont trait à la nutrition pour savoir si le sujet a perdu du poids, s’il a perdu de l'appétit, ou sur l’humeur afin de déterminer si la personne interrogée peut se sentir déprimée, avoir perdu l’envie de faire ce qu’il aime. “Tout évolue en cascade. Si vous avez quelqu'un qui se sent déprimé, ne sort plus, mange moins, perd du muscle et de la mobilité, on va arriver petit à petit à une personne dépendante", a poursuivi le professeur. A l’issue de l’étape 1, le médecin insiste : si l’évaluation est normale, il n’y a pas besoin d’aller plus loin.  

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Exemple de questions posées dans le cadre du questionnaire de l’étape 1 du projet Icope.  

 

Repérer des anomalies  

Cette étape préalable peut être faite par n’importe quel professionnel de santé (IDE, pharmacien, médecin), par un aidant, ou par le patient lui-même. Il faudra qu’elle soit faite à nouveau dans les six mois suivant le premier questionnaire afin de...

repérer d’éventuelles anomalies. Dans le cas où une réponse serait anormale, une alerte sera envoyée via la base de données IcopeMonitor. Selon le Pr Vellas, 86% des 11.000 seniors suivis par Icope en Occitanie ont refait leur questionnaire. Bien qu’il se soit satisfait d’une forte adhérence au programme, il a néanmoins soulevé des résultats importants : “On a retrouvé 10% des patients qui avaient des dégénérescences maculaires qu’on n’avait jamais vues, 27% qui semblaient avoir des problèmes de mémoire, 28% qui semblaient avoir des troubles de l’humeur, 21% qui commençaient à se dénutrire, 6% qui avaient perdu du poids.” Dans la région, la moyenne d’âge des participants au programme est de 74 ans.  

La deuxième étape est celle de l'évaluation, si une capacité est altérée, avec une exploration des différents domaines des pathologies associées et des besoins sociaux environnementaux. Puis, dans un troisième temps, il faudra établir un plan de soin personnalisé. Enfin, l’étape 4 et l’étape 5 correspondent à un fléchage de parcours de soins et au suivi, ainsi que l’implication des collectivités et le soutien aux aidants. 

 

Rémunération au forfait 

Question rémunération, les professionnels de santé libéraux ou salariés des structures de santé qui effectueront l’étape 1 toucheront 18 euros, auxquels s’ajoutent 11 euros d'interprétation. L’étape 1 de suivi est financée de la même manière. Pour la deuxième étape, il sera possible de toucher une rémunération au forfait selon trois cas de figure : le forfait A pour la gestion et la vérification des alertes sera de 11 euros par alerte traitée, pour l’IDE, le professionnel paramédical ou le médecin. Le forfait B, pour une évaluation approfondie est de 53 euros, quel que soit le domaine évalué ; ou un forfait modulé de 20 euros par domaine jusqu’à 60 euros maximum. Enfin, le forfait C est relatif à l'entretien conclusif et motivationnel, à 21 euros.  

Les professionnels intéressés pour utiliser Icope, qu’ils soient IDE, pharmaciens, paramédicaux ou médecins, peuvent se former à la première étape grâce à un webinaire accessible en ligne de 45 minutes. Pour l’instant encore expérimental, le projet sera repris, par la suite, par l’Assurance maladie et sera inclus à la nomenclature.  

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