L’initiative concerne encore peu d’officines, mais elle a le mérite d’avoir, au départ, été concertée entre les unions régionales des professionnels de santé (URPS) bretonnes des médecins et des pharmaciens par son porteur de projet, l’association Pharma Système Qualité. Inspiré par une pratique suisse initiée dès 2012, c’est dans le cadre d’une expérimentation de type "article 51" qui permet de déroger au droit commun qu’est né, à l’automne 2021, le projet Osys, pour "Orientation dans le système de soins". Ce sont aujourd’hui 74 pharmacies, situées uniquement dans des zones à faible densité médicale, qui testent la prise en charge de six "petits maux" : plaie simple, piqûre de tique, cystite, brûlure au premier degré, douleur pharyngée et conjonctivite.
Le pharmacien, préalablement formé pendant une journée, suit un protocole avec un arbre décisionnel, qui peut déboucher sur un conseil pharmaceutique avec délivrance éventuelle d’un produit hors prescription médicale obligatoire, l’orientation vers le médecin traitant ou vers les urgences. "C’est un outil d’aide à la décision, explique Noëlle Davoust, vice-présidente de l’URPS pharmaciens et membre du comité de pilotage d’Osys. Le conseil pharmaceutique est déjà pratiqué tous les jours dans les officines, mais, dans ce cadre, il est codifié."
Le pharmacien, qui doit obligatoirement rappeler ensuite le patient, est rémunéré par la CPAM à hauteur de 12,50 euros. "Il ne fait pas cavalier seul, il doit rédiger un compte rendu remis au patient et envoyé, avec l’accord de celui-ci, à son médecin, ajoute la pharmacienne. Cela signifie que nous sommes bien dans le cadre d’une coopération et d’une coordination des soins."
Depuis août, pour les angines et les cystites, les pharmaciens ont été autorisés à délivrer un antibiotique. "Le pharmacien doit avoir échangé au préalable avec les médecins de son territoire et il indique, avec son accord, le numéro RPPS du médecin traitant au moment de la délivrance de l’antibiotique, précise la vice-présidente de l’URPS. Pour autant, la responsabilité du médecin n’est absolument pas engagée par cette délivrance."
À ce jour, 4 000 patients ont ainsi été pris en charge dans des officines bretonnes. "Le dispositif permet de recadrer les automédications inappropriées entraînant un retard de prise en charge, défend Noëlle Davoust. Ce tri permet aussi d’éviter des recours aux urgences." Depuis janvier, 110 pharmacies d’Occitanie, de Centre-Val de Loire et de Corse ont emboîté le pas. "Nous souhaitons que la relation entre pharmacien et médecin soit renforcée et que le cœur du projet soit la collaboration en confiance entre professionnels de santé", écrivait l’URPS médecins de Bretagne au début de l’expérimentation. Mais l’élargissement de l’expérimentation semble susciter aujourd’hui quelques grincements de dents côté médecins.
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