Lancée il y a près d’un mois par la commission des Affaires sociales du Sénat, la consultation a recueilli 5.723 contributions de professionnels de santé de ville. Parmi eux, un peu moins d’un quart correspond à des médecins (20%), 53% exercent une profession paramédicale (masseurs-kinésithérapeutes, infirmières…), 6% sont pharmaciens, et 21% pratiquent une autre activité médicale : sages-femmes, chirurgiens ou encore dentistes. Si des premiers résultats publiés le 15 avril laissaient déjà transparaître une certaine défiance des professionnels de terrain vis-à-vis des autorités, ces résultats définitifs ne font que confirmer cette tendance. La qualité et la pertinence des recos délivrées par les autorités sanitaires est remise en cause par 50% des soignants consultés. Ce pourcentage est un peu plus élevé concernant les recommandations de prise en charge des patients Covid (55%).
Masques insuffisants Par ailleurs, parmi les principales critiques recueillies par les soignants de ville, on retrouve, sans surprise, une communication hospitalo-centrée, des canaux d’information multiples, des messages en décalage par rapport aux besoins du terrain, et un sentiment d’impréparation de l’Etat et des autorités sanitaires. Ces derniers notent également un besoin de formation à la gestion de crise, alors qu’une vingtaine de médecins ont succombé au Covid, selon les données de la Carmf. Au coeur de la polémique en pleine épidémie, la question des équipements prend également une place importante dans les inquiétudes des professionnels de santé. 82% d’entre eux estiment ne pas avoir reçu suffisamment d’équipements de protection, en particulier des masques. Les praticiens ont aussi émis des craintes concernant une multiplication des tensions d’approvisionnement pour d’autres produits de santé : produits de réanimation, hydroxychloroquine, azithromycine, paracétamol, produits pour tests de dépistage...
Acteurs majeurs du déconfinement A l’approche du déconfinement progressif, à partir du 11 mai, les professionnels de ville ont profité de cette consultation pour appeler à leur faire confiance dans cette phase délicate, mais aussi à mieux se coordonner avec l’hôpital. Plusieurs points sont mis en avant pour y arriver : - éviter de saturer l’hôpital en amont
- gérer les sorties d’hospitalisation
- associer la médecine à la collecte de données cliniques sur l’efficacité de traitements expérimentaux
Mais certains émettent toutefois plusieurs craintes majeures, en particulier sur leur situation financière...
Selon l’Assurance maladie, leur activité a diminué de 40% pour les généralistes, et 50% pour les spécialistes, tandis que d’autres professionnels (dentistes, masseurs-kinésithérapeutes…) sont pratiquement à l’arrêt. C’est pourquoi la Cnam, sous l’impulsion du Gouvernement, va mettre en œuvre une aide destinée à compenser les charges de fonctionnement des professionnels de santé libéraux conventionnés. Ces derniers pourront par ailleurs bénéficier d’un acompte dès le mois de mai. Un premier pas de l’exécutif jugé insuffisant pour de nombreux syndicats, à l’image du SML ou encore la CSMF. Au-delà de ces préoccupations financières, les professionnels de santé de ville s’inquiètent également d’un renoncement aux soins. Bon nombre de médecins ont en effet constaté, notamment depuis le déconfinement, une absence de patients atteints de pathologies chroniques, ce qui leur faire craindre des séquelles, des complications ou des décompensations à l’avenir.
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