« Je ne suis pas à Toulouse pas hasard », a lancé Agnès Firmin Le Bodo lundi 9 octobre, face à une quarantaine d’élus, de représentants de l’hôpital et de soignants au CHU de Toulouse. Présente dans la ville rose pour la remise officielle du rapport de la mission officielle sur la prévention et l’amélioration de la santé des professionnels de santé, réalisé par les Drs Philippe Denormandie et Marine Crest-Guilluy ainsi que Alexis Bataille (infirmier), la ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé avait pour mot d’ordre « la prévention ».
« Un professionnel de santé quel qu’il soit doit prendre soin de sa santé. Un soignant qui va bien est un soignant qui soigne bien. A Toulouse, vous avez pris conscience que c’est ce qu’il faut faire », a ainsi salué la ministre, venue écouter les équipes du Centre de prévention de l'épuisement professionnels des soignants (Peps), ouvert en mai dernier. Ce dispositif, unique en France, a permis la prise en charge gratuite de plus de 80 professionnels de santé en situation d’épuisement à travers plus de 300 consultations, ouvertes à tous, hospitaliers comme libéraux. À leurs côtés, des représentants du diplôme « Soigner les soignants » enseigné à la faculté de Toulouse et ouvert à toutes les professions médicales.
Pendant plus de deux heures, médecins, soignants, responsables de formation, ont expliqué les enjeux de leur travail, mais surtout leurs contraintes et spécificités : sentiment de honte et de culpabilité très forte chez les personnes prises en charge, besoin de confidentialité et crainte du non-respect du secret médical… Ils ont toutefois été largement encouragés par Agnès Firmin Le Bodo : « Ce que vous faites en formation, en prévention, me semble important car c’est dans le droit-fil de ce qu’on veut faire un peu partout », leur a-t-elle répondu. Autour d’elle, des dizaines de soignants en blouse blanche ont assisté aux échanges sans toutefois prendre la parole. « Il nous faut tout mettre en œuvre pour que les personnels de santé restent en bonne santé », a-t-elle répété plusieurs fois, provoquant des grimaces dans l’assemblée.
Interpellée par Alexis Bataille, Agnès Firmin Le Bodo a par ailleurs promis que ce rapport ne serait pas un « énième rapport sur l’étagère ». « J’ai été députée, je sais ce que c’est un dossier qui reste sur l’étagère. Ça ne sera pas le cas : je m’emparerai du sujet comme je l’ai fait sur la violence », a-t-elle assuré. « On commence collectivement à secouer le couvercle de la boîte de Pandore. Avant, globalement, on s’en fichait et maintenant c’est un sujet. Il faut qu’on arrive à répondre à ces questions : comment accompagner correctement nos collèges et parler du sujet ? On est encore beaucoup dans le curatif car les gens ne vont pas bien. On a un enjeu majeur qui est le préventif », a de son côté martelé le Dr Philippe Denormandie, pour qui la mission sera réussie « si on parvient à faire bouger les lignes ».
La CPTS, un « outil formidable »
Invitée du Conseil départemental de l’Ordre des médecins, Agnès Firmin Le Bodo a par la suite échangé avec des médecins libéraux sur le même sujet. Ces derniers l’ont interpellée sur la détresse de certains médecins de ville, citant même le cas de plusieurs praticiens brutalement décédés dans le département, un « électrochoc ».
La ministre a reconnu une « problématique particulière » des professionnels de santé libéraux, à ne pas négliger, encourageant le travail réalisé par l’association « Mots », qui prend en charge l’épuisement des médecins et soignants en souffrance et qui lui a été présenté avec émotion. Mais, rappelant qu’elle est également chargée de l’organisation territoriale, la ministre déléguée à appeler à miser sur les CPTS et surtout sur une grande coopération entre soignants comme ingrédients d’une « nouvelle méthode » pour une meilleure santé des soignants. Reprenant l’expression d’une médecin effecteur de la cellule d’écoute de l’Ordre de Haute-Garonne, les CPTS peuvent être selon elle « un outil formidable ».
« L’hôpital n’ira bien que si la ville va bien et inversement. On ne pourra apporter des réponses que si l’on travaille sur ces deux jambes, ces deux piliers : la ville et l’hôpital », a enfin conclu la ministre, souhaitant terminer son intervention par un message d’optimisme : « On ne nie pas les difficultés dans lesquelles nous sommes, mais si nous voulons entraîner des jeunes dans ces métiers-là, il faut arriver à en parler, et en parler de manière positive. On va y arriver ! ».
Présenté par Alexis Bataille, ce grand plan s’articule autour de six grands axes :
-Faire de la santé des pros de santé, une priorité de santé publique. « Il faut en parler, replacer la problématique au centre de l’échiquier », a-t-il appelé.
-Former et sensibiliser les soignants à la question
-Mener des actions de promotion de la santé. « Il faut mettre le doigt sur les risques professionnels », a insisté Alexis Bataille.
-Organiser l’accès à l’offre de soin spécialisée
-Solidifier le modèle économique
-Pérenniser le rapport. « On fera en sorte qu’il ne s’agisse pas d’un coup d’épée dans l’eau », a-t-il enfin conclu.
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