Dépression, anxiolytiques, alcool, absence de dépistage des cancers… Le bilan "préoccupant" de la santé des soignants
Mauvaise santé mentale, état de santé plus préoccupant que dans la population générale… La Mutuelle nationale des hospitaliers vient de publier son baromètre annuel sur la santé des soignants, réalisé par Odoxa en partenariat avec la Chaire Santé de Sciences Po et Le Figaro Santé. Son bilan est "préoccupant".
À l’heure où le Gouvernement a fait de la santé mentale la grande cause nationale 2025, un tiers des hospitaliers déclarent que leur santé mentale est médiocre ou mauvaise. C’est près du double de la moyenne de la population générale (14%). Près d’un professionnel de santé sur trois déclare souffrir ou avoir souffert d’un problème de santé mentale (dépression, burn-out, pensées suicidaires…) au cours de l’année écoulée. C’est près de 16 points de plus que la moyenne de la population générale. Enfin, seuls 18% des professionnels de santé pensent être en très bonne santé mentale. C’est 25 points de moins que la moyenne de la population générale (43%).
Parmi les pistes permettant d’expliquer ce phénomène, le stress et le risque d’agression, la charge de travail et les difficultés à concilier vie privée et vie professionnelle sont des déterminants qui ressortent lorsque les professionnels de santé sont interrogés. La violence est toujours une composante du métier. Les violences qu’ils subissent davantage que les autres actifs expliquent un stress au travail nettement accru chez les professionnels de santé. 56% ont déjà vécu au moins une situation de violence au travail… soit 18 points de plus que les autres salariés (38%). Les aides-soignants sont particulièrement exposés.
L'état global des soignants n'est pas meilleur. 22% des professionnels de santé se sentent en mauvaise santé (7 points de plus que la population générale). Un chiffre qui monte à 29% pour les aides-soignants. Un hospitalier sur deux (46%) déclare avoir été malade au cours des 3 derniers mois (18 points de plus que la population générale).
En moyenne, 19% des professionnels de santé déclarent avoir plusieurs comportements nocifs pour leur santé au moins une fois par semaine. Au final, les professionnels de santé sont des "cordonniers pas mieux chaussés", avance l'observatoire, alors que 54% d’entre eux (contre 58% des Français) reconnaissent chaque semaine boire de l’alcool, fumer du tabac ou du cannabis ou prendre des anxiolytiques.
Des dépistages des cancers trop peu nombreux chez les soignantes
Seule petite lumière au tableau, ces résultats laissent apparaître une évolution positive quant à leur rapport à leur environnement professionnel. En effet, les soignants sont de plus en plus nombreux à se déclarer heureux au travail : 38% en 2020 et 64% aujourd’hui, même s’ils restent toujours significativement moins satisfaits que les autres salariés (77%).
Ils sont également moins satisfaits de leur équilibre vie pro-vie perso que le reste de la population. Seulement 54% des professionnels de santé déclarent cet équilibre "satisfaisant", contre 75% en moyenne dans la population générale. 76% des professionnels de santé déclarent avoir souvent un volume de travail trop important, contre 51% pour la population générale.
Enfin, ce baromètre a réalisé un focus sur le dépistage et la prévention des cancers chez les soignantes, et le résultat est édifiant. Une soignante sur deux n’a jamais effectué un examen de dépistage du cancer du sein, alors que la moyenne est d’une personne sur trois dans la population générale. Même auprès des femmes les plus à risques (+50 ans), l’écart reste important : 62% des Françaises ont effectué un dépistage du cancer, contre seulement 56% des soignantes du même âge.
"Les soignantes sont plus nombreuses que les Françaises à travailler régulièrement de nuit (31%) comparativement à la population générale (21%), et sont donc exposées à un risque de sur-prévalence des cancers. Avec près de 80% de femmes dans les effectifs de l’hôpital public, le dépistage des cancers dits 'féminins' doit être une priorité" a estimé Jean-Bernard Castet, directeur général adjoint affaires publiques et santé de la Mutuelle nationale des hospitaliers.
La sélection de la rédaction
Les complémentaires santé doivent-elles arrêter de rembourser l'ostéopathie ?
Stéphanie Beaujouan
Non
Je vois beaucoup d'agressivité et de contre vérités dans les réponses pour une pratique qui existe depuis 1,5 siècle . La formatio... Lire plus