
Face aux violences, les médecins invités à fermer leur cabinet le 12 mars
Alors qu'il juge la peine reçue par l'agresseur d'un de ses confrères "insuffisant[e]", le Dr Saïd Ouichou appelle les médecins à fermer les portes de leur cabinet le 12 mars. Son mouvement est déjà soutenu par Médecins pour demain et l'UFML.

Il appelle les médecins libéraux à fermer leur cabinet le 12 mars à l'occasion de la journée européenne contre la violence dans les soins de santé. "Nous devons agir ensemble pour faire entendre notre voix, pour que des changements réels et significatifs soient apportés", écrit sur ses réseaux sociaux le Dr Saïd Ouichou, généraliste, en réaction à la peine "insuffisant[e]" à laquelle a été condamné l'agresseur du Dr Mohamed Oulmekki.
En novembre dernier, ce généraliste installé à Drancy (Seine-Saint-Denis) avait reçu un violent coup de tête d'un patient, lui fracturant le nez ; le praticien avait porté plainte et avait fermé son cabinet pendant un mois et demi. Le 13 février, le tribunal judiciaire de Bobigny a condamné son agresseur, âgé de 22 ans, à trois semaines de travaux d'intérêt général et 2 000 euros d'amende. Une peine vivement critiquée par la communauté médicale, qui juge cette peine "ridicule".
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
"Nous avons le droit de travailler dans des conditions sécuritaires"
Pour le Dr Ouichou, installé dans les quartiers nord de Marseille, "cette violence met en lumière la dégradation du système de santé, un système qui, au lieu de protéger les soignants et d’assurer des conditions de travail dignes, alimente le sentiment de frustration, de colère et d’impuissance chez les patients, qui, parfois, se tournent vers la violence". "Elle touche à la dignité et à la sécurité de l'ensemble des soignants", ajoute-t-il dans un post Facebook. "Nous avons le droit de travailler dans des conditions sécuritaires, sans crainte pour notre vie ou notre intégrité physique."
Refusant "la violence" et "ces jugements insuffisants", le généraliste marseillais invite donc ses confrères à fermer les portes de leur cabinet le 12 mars. Son appel est déjà soutenu par Médecins pour demain (MPD) et l'UFML-S. "Un médecin agressé, c'est un patient [de] moins soigné. Il est temps d'agir", lance ainsi dans un communiqué MPD, qui a également invité ces derniers jours les médecins à exhiber un "œil au beurre noir".
"Nous ne pouvons plus accepter que dans cette société, dite moderne, on agresse des blouses blanches […] Nous ne pouvons plus accepter que les peines qui sont requises contre les agresseurs soient sans comparaison avec les violences subies. Nous ne pouvons plus accepter le silence des politiques par rapport à ces agressions", a, de son côté, lancé le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S.
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