"Si vous ne maigrissez pas, vous n'aurez jamais d'enfant" : témoignages sur la grossophobie médicale
Menée auprès d'une cinquantaine de femmes obèses et de gynécologues, une enquête du Centre d'éthique clinique de l'hôpital Cochin (AP-HP) montre à quel point la question du poids parasite la relation médecin-patient.
L'enquête est biaisée mais elle interpelle. Les chercheurs du Centre d'éthique clinique ont interrogé une cinquantaine de femmes à l'IMC supérieure à 30 sur les relations entretenues avec leur médecin en matière de gynécologie courante, de suivi de grossesse spontanée ou d'aide médicale à la procréation. En parallèle, une cinquantaine de gynécologues de ville ont été questionnés.
Les résultats de cette enquête, dévoilés au congrès du Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids (Gros) et rapporté par Libération, montrent à quel point la question du poids devient centrale en consultation, donnant l'impression aux patientes que le soin est occulté. "J’ai l’impression d’avoir des soins à moitié, de ne pas être auscultée convenablement", déclare une jeune femme. D'autres se sentent culpabilisées, particulièrement en cas de grossesse. "On me met la pression, du genre : 'Si vous ne maigrissez pas vous n’aurez jamais d’enfant'", témoigne une patiente, tandis qu'une autre assure que son médecin lui a dit qu'avoir un enfant dans "l'état" où elle est, "c’est la mort assurée". "Si vous ignorez son poids, vous ignorez la patiente", se défend un gynécologue, rappelant que l'obésité est un facteur de risque cardio-vasculaire. "Déjà, en demandant de se déshabiller et de monter sur la balance, on a le sentiment d’agresser", confesse un autre médecin. Mais pour les chercheurs, les gynécologues devraient endosser un "autre rôle", "consistant à admettre" que ces patientes "ont déjà tout essayé pour perdre du poids et qu’elles ont davantage besoin d’être acceptées telles qu’elles sont plutôt que d’être culpabilisées". [avec liberation.fr]
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