"Nous étions dans l'avion vers la Guadeloupe. Nous sommes partis depuis 2 heures lorsque mon épouse, médecin elle aussi, me réveille : on demande si un médecin est à bord. Je me lève. L'hôtesse, paniquée, m’amène devant un homme de 60 ans, visiblement alcoolique (facies), côté hublot, que l'on ne parvient pas à reveiller pour la distribution d'une collation. De son voisin de place, aucune info. Je prends son pouls, je regarde ses pupilles, sa bouche et... je mets la main dans son slip ! Il n'a pas uriné (convulsion). Je demande à l'allonger au sol et réclame la trousse d'urgence. Miracle : il y a tout dans cette trousse. Deux personnes arrivent pour prêter main forte : l'une me dit qu'elle est dermatologue, l'autre me dit qu'il est infirmier. Je demande à l'infirmier s'il y a de quoi faire un dextro dans la trousse, il me dit acquiesce, je lui dis d'en faire un. Pendant ce temps, je prends la tension et j'ausculte le coeur, coincé entre deux rangées. "L'hôtesse hallucine" Le dextro revient blanc immediatement. Je demande s'il y a des ampoules de G 30% dans la trousse : "oui". Je demande à l'infirmier de préparer les deux ampoules dans une seringue. Je trouve tout ce qu'il faut pour poser une perfusion. Le garot, le cathéter, le sparadrap, le glucosé et la ligne de perfusion. Je pose la perfusion sans problème au pli du coude, on l'attache au porte-bagages. Je demande à l'infirmier de faire l'injection des deux ampoules de 30% en deux minutes. Immediatement le malade se réveille, comme dans les livres. Je suis Dieu ! L'hôtesse hallucine. Je lui demande de preparer un jus d'orange avec cinq morceaux de sucre et de prevoir ensuite un encas. Le malade parle, il n'avait pas pris de petit-dejeuner. Il n'a pas fait d'AVC (tout bouge) et n'a pas fait d'infractus (a priori, pas de douleur thoracique...). On le rassoit avec sa perf en place. Je remercie tout le monde et les tranquillise. Personne n'a moufeté dans l'avion. On me demande de rediger un "rapport". Je le fais comme un vrai interne que j'ai été, il y a quelques années. Je surveille le patient, qui va tres bien. Le patient va en Martinique mais sera descendu à Pointe-à-Pitre. Il sortira en premier, annonce le pilote, car le Samu l'attend. Le Samu monte, demande à voir le patient... qui est en pleine forme. Il est très surpris. Je lui explique, il lit le rapport, il comprend. Le patient est evacué sur une civière puis nous descendons comme si de rien n'etait. L'hotesse me remercie de mon intervention. Elle n'en revient toujours pas... Super pour l'ego. "Un tour au poste de police" Le sur-lendemain, sur une plage, il y avait la championne du monde de l'apnée au milieu des baigneurs. Alors que je n'ai pas encore posé ma serviette, une personne s'adresse a moi (pourquoi moi ?) me disant qu'elle est inquiète pour la personne à plat ventre, dans l'eau, qui ne bouge pas depuis. Je rentre dans l'eau, jusqu'à cinq mètres du bord, et la retourne : elle est totalement cyanosée, bouffie, en arrêt respiratoire... L'haleine sent l'alcool. Je la tire par les pieds vers la plage, tête tournée vers le bas de la pente et reste bloqué dès que 60 % du corps est hors de l'eau car elle pèse bien 100 kg à vue de nez. On m'aide. Puis le rituel commence... mais c'est une autre histoire. Elle ne repartira jamais. Cela me vaudra un tour au poste de police, avec ma femme d'un coté et moi de l'autre. Bref, revisez vos fondamentaux si vous partez en Guadeloupe. Un jour vous êtes Dieu (facile pour le coma hypoglycémie), le lendemain vous êtes mains nues, en maillot de bain, et vous faites ce que vous pouvez devant la mort qui rode partout... Drôle de métier. L'alcool est un veritable fléau."
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
M A G
Non
Mais quelle mentalité de geôlier, que de vouloir imposer toujours plus de contraintes ! Au nom d'une "dette", largement payée, co... Lire plus