"Le numerus clausus sera supprimé", a confirmé l'Elysée, appelant à en finir avec "le gâchis des vocations de médecins". Un projet de loi est prévu début 2019 concernant notamment la formation et les études de médecine. Cette réforme sera applicable au plus tôt pour la rentrée scolaire 2019, mais avec "certitude" pour celle de 2020.
"L'idée est d'avoir un appareil de formation plus intelligent, un acquis des connaissances moins académique avec moins de bachotage", a ajouté l'Elysée à la veille de la présentation de la Stratégie nationale de transformation du système de santé par Emmanuel Macron. Début juillet, les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur avaient déjà annoncé la suppression des ECNi à l’horizon 2021. "Nous avons besoin de plus de médecins pour soigner, mais aussi pour faire de la recherche, pour travailler dans l’industrie des biotechnologies… Le financement des formations suivra", a rassuré l'Elysée. Le Gouvernement entend encourager les passerelles et favoriser la diversification des parcours.
Pas question pour autant de "rogner sur l’excellence de la formation" : "Le système restera sélectif", insiste-t-on à l’Elysée. La sélection ne sera plus seulement "quantitative", mais "qualitative" : comme en droit, par exemple, les étudiants qui n’auront pas le niveau requis de compétences ne passeront pas en 2ème année. Les études de médecine reviendront "dans le droit commun", résume l’Elysée.
Conséquence méconnue de mai 68, le "numerus clausus" a créé une sélection à l'entrée des études médicales, dont les conséquences sont très éloignées des objectifs de départ. Dans les années 1960, le nombre d'étudiants en médecine augmente brusquement: de 35.000 en 1963, à 60.000 en 1967. Trop, pour certains syndicats de médecins libéraux, qui réclament un concours sélectif à la fin de la première année, avec le soutien de l'Ordre. Une revendication à la fois élitiste, en réaction à mai 68, mais aussi corporatiste, les praticiens installés redoutant une concurrence débridée. Le gouvernement y voit en outre un moyen détourné de limiter les dépenses de santé, faisant le pari que la demande de soins diminuera en fonction de l'offre.
En novembre 1968, la loi d'orientation de l'enseignement supérieur accorde à l'exécutif le pouvoir de fixer chaque année "le nombre des étudiants (...) admis à entrer en deuxième année" de médecine et dentaire. Censés tenir compte "des besoins de la population" et "de la nécessité de remédier aux inégalités géographiques", ces quotas entrent en vigueur en 1971. Au départ, ils restent stables, autour de 8.600 places en médecine et 1.900 en dentaire. Puis chutent de 60% de 1977 à 1992 et ne remontent qu'au tournant du siècle. Dans le même temps, les dépenses de santé passent de 5% à 8% de la richesse nationale (PIB) et l'on se met à redouter une pénurie de médecins, ce qui signe l'échec de cette politique malthusienne.
Les pouvoirs publics ont depuis drastiquement relevé ces "numerus clausus", qui ont presque retrouvé leurs niveaux d'origine, sans empêcher l'apparition de déserts médicaux. D'autres quotas ont été instaurés pour les sages-femmes (1977) et les pharmaciens (1980), dont les contingents ont également été restreints mais dans une moindre mesure, avant de rebondir, jusqu'à dépasser aujourd'hui leurs effectifs initiaux.
[avec AFP]
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