"Ce n’est plus acceptable" : comment Véran s’engage à faire respecter le temps de travail des internes

26/02/2020 Par Marion Jort
Invité du congrès des internes en médecine générale organisé par l’Isnar-IMG vendredi 21 février à Saint-Etienne, le nouveau ministre de la Santé s’est engagé à faire respecter leur temps de travail en ne dépassant plus le plafond de 48 heures par semaine. Les internes attendent, eux, des "réalisations concrètes". 
 

"Ce n’est plus acceptable, il y a eu trop de drames", a déclaré Olivier Véran à propos du temps de travail des internes. Interpellé d’entrée par les responsables de l’Isnar-IMG, le ministre, nommé depuis 5 jours à peine, s’est engagé à faire respecter le plafond légal de 48 heures hebdomadaires.  Il a annoncé que les demi-gardes seraient comptabilisées et rémunérées. "L’encadrement des créneaux de début de nuit répond à notre revendication", se satisfait Matthieu Thomazo, porte-parole. "C’est nécessaire. Ces demi-gardes existent déjà, les hôpitaux font travailler les internes sur ces créneaux, mais comme ils ne sont pas encadrés, les établissements se permettent soit de ne pas donner de repos compensateur, soit de ne pas le décompter du temps de travail, soit même de ne pas les payer… Ce qui est une aberration", souligne-t-il. 

Une récente enquête sur le temps de travail des internes réalisée par l’Isnar-IMG a démontré que plus d’un sur deux dépassait les 48 heures de travail par semaine et ne remplissait pas le tableau de service. Olivier Véran s’est ainsi dit prêt à "engager des sanctions financières" contre les établissements qui ne respectent pas ce cadre légal. D’après ses déclarations,...

l’accès au temps de travail additionnel ne sera pas non plus ouvert aux internes, sauf aux docteurs juniors."C’est un gros chantier. Nous sommes contents qu’il s’ouvre enfin. Les hôpitaux ont eu tout le temps nécessaire, depuis 2015, de faire respecter cette loi. On a bien montré que travailler plus de 60, 70 heures par semaine était pourvoyeur de risques psychosociaux et que c’était un danger pour les internes et les patients", appuie Matthieu Thomazo qui reste toutefois prudent : "Nous serons vigilants à la mise en place rapide de ces mesures." 

Le ministre ne s’est pas contenté de constater l’explosion du plafond des 48 heures hebdomadaires. Il a également annoncé la revalorisation de la prime perçue pour les stages ambulatoires de 100 euros, portant ainsi son montant à 300 euros. La condition d’éloignement (de 30 kilomètres du domicile de l’interne ou du CHU, ndlr) sera aussi supprimée. "Ce n’est pas la revalorisation du salaire, grince Matthieu Thomazo. Mais toute revalorisation est bonne à prendre et nous avions besoin de celle-ci également. C’est un premier pas."  Car de revalorisation du salaire… Il n’en a pas été question. Olivier Véran a annoncé que les salaires des externes bénéficieraient bien d’un coup de pouce, mais rien de plus n’est prévu pour leurs aînés. D’après l’Isnar-IMG, le montant brut annuel pour un interne de première année est de 16.605 euros, celui pour un interne de deuxième année, de 18.383 euros et celui des internes de troisième année, de 25.500 euros. Aucune augmentation significative n’a eu lieu depuis 2012.    Pas de D.E.S en quatre ans pour l’instant Le syndicat milite pour un D.E.S de médecine générale en quatre ans, plutôt que trois actuellement. Si le ministre ne s’y est pas opposé, rien de concret n’a émergé de leurs discussions. "Il a partagé notre constat : les moyens ne sont pas nécessaires à cette quatrième année. Ce n’est donc pas pour demain", explique Matthieu Thomazo. Car l'Insar-IMG s’oppose à sa mise en place sans que la troisième année actuelle ne soit déjà aux normes de ce qui doit se faire. "Il n’y est pas opposé mais…

Et tout est dans le ‘mais’. Il est prêt à travailler avec nous pour que notre D.E.S en trois ans soit dans le respect de ce que qu’on est censés faire partout. Ce n’est pas une faute de volonté des facultés mais il n’y a pas assez de maîtres de stages, de terrains de stages. Alors, fatalement, la maquette en trois ans a du mal à se mettre en place. Tout doit être fait dans l’intérêt des internes. Instaurer une quatrième année maintenant ce serait impossible. Elle ne doit pas apparaître simplement parce que les internes de médecine générale ont trois ans et les autres, quatre."  

Enfin, Olivier Véran a souhaité rassurer les internes en assurant qu’il ne serait pas "le ministre de la fin de la liberté d’installation". "On est contents qu’il s’inscrive dans les pas de sa prédécesseure pour cela. Si on peut reconnaître une chose à Agnès Buzyn, c’est qu’elle aussi avait fait rempart contre les amendements de coercition", souligne Matthieu Thomazo.    Vigilance de l’Isnar-IMG Malgré tout, les représentants de l’Isnar-IMG ne s’emballent pas. Dans son discours, sa présidente, Marianne Cinot, a rappelé que les internes "ne pouvaient plus attendre". "Il semblait à l’écoute de nos problématiques, il a montré une envie de travailler avec nous, pointe le porte-parole. "Au-delà de l’annonce, on veut voir comment cela va se concrétiser, quand est-ce que les hôpitaux vont être sanctionnés, est-ce que le simple fait de ne pas remplir le tableau de service va entraîner ces sanctions, parce que finalement ça empêchera de savoir si l’interne dépasse ou pas son temps de travail. Il y a encore plusieurs inconnues. Il a semblé comprendre l’urgence de la situation et nous serons vigilants à ce qu’il le concrétise de manière efficace par des actes."   

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