Une enquête réalisée par l’InterSyndicale nationale des internes (Isni) révèle que le temps de travail moyen des internes s’élève à 58,4 heures par semaine en moyenne. Moins d’un tiers d’entre eux respecterait les 48 heures hebdomadaires légales.
Cinq ans après la parution du décret sur le temps de travail des internes, et trois mois après les promesses d’Olivier Véran de faire respecter leur temps de travail, une enquête* menée par l’InterSyndicale nationale des internes (Isni) révèle que les internes travaillent 58,4 heures par semaine en moyenne. Bien loin, donc, des 48 heures hebdomadaires légales. D’après l’Isni, moins d’un tiers des internes respecterait ce plafond.
Ces 58,4 heures de travail hebdomadaire n’incluent pas le temps de travail sur les projets de recherche ou les présentations, qui sont réalisés après les journées de travail. Dans le détail, l’étude montre des disparités entre les internes. Si 70% des futurs praticiens dépassent le maximum légal, 40% des répondants ont déclaré travailler plus de 60 heures par semaines et 10% ont déclaré dépasser les 79 heures par semaines. Moins de 30% ont déclaré être en dessous des 50,75 heures par semaine.
Sept spécialités chirurgicales dépassent les 70 heures par semaine, les neurochirurgiens en tête avec 82,24 heures hebdomadaires, 76,03 heures pour les internes en urologie et 73,42 heures par semaine pour les chirurgiens pédiatriques.
Dans 15 spécialités, les internes travaillent entre 58 et 70 heures. C’est le cas des gynécologues : 69,64 heures par semaine, des hématologues : 60,61 heures par semaine ou de la médecine d’urgence : 58,15 heures.
Les internes en médecine générale travaillent en moyenne 52,27 heures par semaine. Ils font partie des seize spécialités se situant entre 48 et 58 heures par semaine. A leurs côté, les spécialités de gériatrie (56,94 heures), d'allergologie (52,99 heures), ou encore d’ophtalmologie (51,87 heures).
Enfin, seulement six spécialités entrent dans le cadre légal...
des 48 heures par semaine, selon l’Isni : la biologie médicale, la santé publique et médecine sociale, la génétique médicale, la médecine du travail, la psychiatrie et la médecine légale.
Toutes ces heures travaillées correspondent à une rémunération de 1.600 euros net en première année d’internat. L’Isni rappelle que cela correspond à une valorisation du travail de 6,80 euros net par heure… Alors que le SMIC est de 7,96 euros.
Les demi-journées de travail personnel pas respectées
Dans cette enquête, l’Isni montre également que pour plus d’un interne sur deux (51%), il est impossible de prendre la demi-journée de formation hors du service. Pour les internes en chirurgie, le constat est pire, puisque ce chiffre grimpe à 74%.
“On voit ainsi apparaître une contradiction entre le statut de l’interne qui est celui d’un étudiant de 3e cycle, et les faits qui montrent que le temps dédié à la formation théorique n’est pas respecté pour la majorité des internes de médecine et de chirurgie”, estime l’Isni.
“Nous revendiquons un décompte horaire de notre temps de travail, seule solution pour que celui-ci soit respecté et que l’on puisse surveiller les services dans lesquels nos collègues se retrouvent à faire des horaires interminables, source majeure de risques psychosociaux”, rappelle encore l’Intersyndicale.
Par ailleurs, 86% des internes interrogés ont déclaré qu’ils passaient “trop de temps derrière un ordinateur”, temps qui ne peut donc pas être passé à être en formation clinique.
* Enquête menée entre mai et juillet 2019 sur 7.353 internes de toutes les subdivisions et spécialités.
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