Commandé en mars 2018 pour améliorer l'accueil des internes au sein de la maison AP-HP, le rapport d'audit du Dr Louis Lebrun a été rendu public à l'occasion de son examen le 14 mai dernier en CME. Au total, 490 internes et 339 chefs de service ont été interrogés. Tous les aspects de la vie des internes ont été passés au crible, des risques psychosociaux aux motifs de choix de stage. Sans oublier, bien sûr, le temps de travail. Et force est de constater qu'en la matière, il y a encore du pain sur la planche. Les internes de l'AP-HP continuent à trimer plus que de raison : 73 % d'entre eux déclarent travailler plus que les 48 heures hebdomadaires prévues dans la législation. La charge de travail est même parfois stratosphérique : un quart des internes (26,5 %) s'évaluent à plus 60 heures par semaine, et 4,5 % dépassent même les 80 heures…
Même constat pour le temps de présence à l'hôpital. La réforme du temps de travail des internes de 2015 prévoit 2 demi-journées "libres" par semaine, pour la formation à l'université et le travail en autonomie. Les répondants étaient pourtant 79 % à déclarer effectuer plus que les 9 demi-journées réglementaires : 10 ou 11 demi-journées par semaine pour le gros de la troupe, voire 12 pour une grosse minorité (environ 15 %).
Quant au repos de sécurité il peine encore à s'inscrire dans les habitudes de certains services. Les répondants étaient 62 % à déclarer appliquer systématiquement le repos de sécurité après une garde. La participation occasionnelle à un staff ou un cours dans le service un lendemain de garde est encore souvent de mise (23 % des répondants).
Il y aussi beaucoup à dire sur les conditions matérielles d'accueil en stage. Si les internes n'ont aucune difficulté à se voir fournir une blouse, il n'en va pas de même pour le badge nominatif : 14 % n'en avaient pas deux semaines après le début de leur stage. Disposer d'un ordinateur et d'un bureau, même partagés, relève de l'exploit dans certains stages : respectivement 17 % et des 21 % des répondants en étaient dépourvus.
Quant aux gardes, elles s'exercent dans des conditions qui mettent tout le monde d'accord. Les repas fournis sont unanimement jugés exécrables (90 % des répondants en sont peu ou pas satisfaits), quand ils sont seulement disponibles (75 % de mécontents), la règle du "premier arrivé premier servi" étant souvent de mise. Il en va de même pour la mauvaise qualité de l'hébergement, dénoncée par 59 % des répondants. Le tableau final n'est pas spécialement reluisant. "La charge de travail des internes est lourde mais mal objectivée. La législation sur le temps de travail est peu respectée ; l’observance des repos de sécurité réglementaires n’est pas totale. Les enseignements universitaires ne sont pas suivis par tous. Les tableaux de service, lorsqu’ils existent, ne reflètent sans doute pas toujours la réalité et ne font pas l’objet de contrôle", conclut le rapport. Formaliser la mission et les horaires des internes Pour remédier à ces problèmes le Dr Louis Lebrun, spécialiste en santé publique, propose 7 recommandations. Certains ont trait à la sensibilisation des internes et des chefs de service, telles que la diffusion de la charte d'accueil des internes et le rappel des risques encourus en matière de non respect de la règlementation sur le temps de travail. Il préconise également de formaliser l'organisation des services pour améliorer la visibilité des fonctions et du temps de travail : fiches de poste ou de missions, projet de service, tableaux de service exhaustifs et fiable (un véritable enjeu)... Il propose aussi de travailler, au sein de chaque hôpital, à une meilleure séniorisation des gardes. Au rang des mesures de portée plus générale, le rapport d'audit préconise également la nomination d'un "référent des internes" auprès du conciliateur du Directeur général et de la CME. Présent dans les instances dirigeantes de l'AP-HP, il aurait un rôle "d'interlocuteur bienveillant", voire de médiateur, auprès des internes en difficulté.
La sélection de la rédaction
Approuvez-vous la nomination du Dr Yannick Neuder à la Santé ?
Michel Rivoal
Non
Disons que j'ai plutôt une réserve. Ce qui me gène n'est pas qu'il soit médecin ou pas et cardiologue ou pas et hospitalier ou p... Lire plus