C'est l'Assurance maladie qui a donné l'alerte. Durant la période 2013-2014, le médecin-conseil recense pas moins de 54 dossiers "qui montrent que les patients ont été opérés sans justification médicale, ce qui les a exposés à un risque injustifié", rapporte RTL. C'est le cas notamment de Christophe Fuselier, ancien chauffeur-routier. "Durant mon opération pour un mal de dos en 2007, ma veine iliaque a été sectionnée. Mes jambes n'ont pas été irriguées pendant un long moment, témoigne-t-il. J'ai ensuite été victime de plusieurs infections. J'ai vécu un calvaire pendant près de 10 ans. J'étais sous morphine, sous antidépresseur. Et j'ai dû finalement me faire amputer de la jambe gauche. A 45 ans, ma vie est brisée." Le 15 janvier dernier, en appel, le chirurgien a été lourdement sanctionné par l'Ordre : trois ans d'interdiction d'exercice, dont 18 mois avec sursis, pour "absence de qualité dans les soins dispensés". Il a également été condamné à rembourser 35 302 euros à la CPAM pour des interventions chirurgicales qui n'étaient "pas nécessaires". L'Ordre évoque "un comportement gravement fautif, contraire aux obligations qui s'imposent à tout médecin", et insiste sur "l'extrême gravité des manquements retenus"... "Le Docteur V. ne s'est pas préalablement assuré qu'il disposait de tous les éléments nécessaires à la prise d'une décision opératoire", reproche l'instance. Il n'aurait pas "respecté une technique opératoire conforme aux recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de santé sur la pertinence de la chirurgie des lombalgies". Il lui est également reproché "absence dommageable de qualité dans le suivi opératoire", avec des complications constatées dans 30 dossiers, "se manifestant par des séquelles avec parfois la nécessité d'une mise en invalidité". Contestant cette sanction, le chirurgien a fait appel auprès du Conseil d'Etat. "Mon client n'est pas un boucher, c'est quelqu'un de reconnu dans la profession", s'est insurgé l'avocat du chirurgien, Me Bernard Boulloud, estimant que les manquements reprochés n'avaient pas "de lien direct avec l'infirmité des patients". "Il ne s'agit pas de 54 actes chirurgicaux néfastes", a-t-il relevé. "Il exerce dans une spécialité délicate où le risque de sinistre est plus grand, il faut le prendre en compte !", a ajouté l'avocat, estimant que les cas des plaignants n'étaient "pas si simples que ça". De leur côté, les patients réclament l'ouverture d'une enquête pénale, ainsi que la radiation du chirurgien. [avec RTL.fr et AFP]
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