Près de 250 plaintes ont été déposées et 350 victimes identifiées dans l’affaire dite “Joël Le Scouarnec”, ce chirurgien digestif de Charente-Maritime, soupçonné de multiples agressions sexuelles et actes de pédophilie. Pourtant, des dizaines de victimes auraient pu être évitées, selon le témoignage d’un médecin psychiatre spécialisé en criminologie à l’hôpital de Quimperlé, ancien collègue du Dr Le Scouarnec. Il raconte à Radio France avoir été “troublé”, à cette époque, par une “série d’indices”. Alors qu’il présidait la commission médicale d’établissement de l’hôpital, il apprend que Joël Le Scouarnec avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour détention d’images pédopornographiques quelques mois plus tôt par le tribunal de Vannes. D’après ses carnets noirs et le décompte réalisé par la cellule investigation de Radio France, il aurait agressé 69 victimes après sa première condamnation en 2005.
Ce n’est pas tout. Dans un long témoignage, le psychiatre se souvient également d’une complication pendant une opération avec une enfant sur laquelle le chirurgien “s’enfuit et refuse d’expliquer ce qu’il s’est passé aux parents”, de son attitude étrange lorsqu’il défend “bec et ongles” l’un de son collègue accusé de viol sur des patientes, par la suite condamné à 18 ans de prison. “J’ai fait prévenir le conseil de l’Ordre par un collègue et j’ai fait part de mes doutes à des personnes-ressources de l’hôpital. J’ai mis par écrit le strict minimum. Mais oralement, c’était assorti d’explications de texte beaucoup plus catégoriques sur la dangerosité de Joël Le Scouarnec”, témoigne-t-il dans Ouest France. Le médecin prévient également...
le directeur de l’établissement et lui transmet ses doutes par courrier concernant “la capacité du Dr Le Scouarnec à garder toute sa sérénité au contact de jeunes enfants". Convoqué par le conseil de l’Ordre Joël Le Scouarnec est convoqué le 22 novembre 2006 par le président du conseil de l’Ordre, François Simon qui prévient le conseil régional de l’Ordre, la DDAS (direction départementale des affaires sanitaires et sociales) de sa condamnation, relate Radio France. L’hôpital prend la décision de le faire accompagner pendant ses consultations avec des patients mineurs.
Des mesures insuffisantes aux yeux du psychiatre, qui prend la décision d’aller parler avec le chirurgien. "Je suis allé le voir, je lui ai formulé le fait qu’à mon avis il y avait quelque chose de dangereux dans sa pratique chirurgicale, quelque chose de délétère, raconte-t-il à la radio. Je lui ai dit que sa place n’était pas à l’hôpital, et je lui ai demandé de démissionner". Réponse : "On ne peut pas m’y obliger." D’après les informations de Radio France, à la suite de ces différentes alertes, le directeur de l’hôpital a écrit une note confidentielle au directeur de la DDAS qui évoque la condamnation du chirurgien pour avoir “visité des sites pornographiques et pédophiles” mais dresse également un “portrait élogieux”. Dans les documents que France Info a pu consulter, il est question d’un “praticien sérieux et compétent. Disponible pour travailler dans l’intérêt de l’établissement". Non seulement en tant que 'chef de service' mais aussi au sein du conseil exécutif provisoire, et en tant que "médiateur médical suppléant". Ce chirurgien digestif âgé de 68 ans est incarcéré depuis 2017 dans l’attente de son procès aux assises du 13 au 17 mars 2020. Il avait officié à Vannes (Morbihan), Lorient (Morbihan), Loches (Indre-et-Loire) et Jonzac (Charente-Maritime) de 1989 à 2017. [avec France Info et Ouest France]
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