Après un an de travail et de recherches, le Dr Patrick Pelloux vient de rendre les conclusions de son rapport sur la prévention et la radicalisation des personnes exerçant dans les établissements de santé. Un travail nécessaire pour l’urgentiste, qui répond à plusieurs impératifs majeurs : contribuer à la politique nationale de lutte contre la radicalisation, identifier des problèmes ou comportements pouvant compromettre le fonctionnement d’un service public, garantir l’accès aux soins sans discriminations et assurer la continuité des soins dans les hôpitaux. “La mission réalisée sur l’année 2021 a pour objectif de recueillir des bonnes pratiques et de proposer des pistes d’évolution de la politique publique menée en matière de prévention et de lutte contre la radicalisation, et s’interroge plus largement sur la préservation d’un environnement professionnel neutre et laïc au sein des établissements de santé”, écrit-il notamment dans son rapport. Le Dr Pelloux précise d’emblée que l’hôpital, et le système sanitaire et social de manière générale, ont toujours été l’un des objectifs des radicalismes religieux. Il y voit plusieurs risques sur la prise en charge des patients, au niveau de l’accès à des données sensibles (accès à des données personnelles, risques de cyberattaques), de la sécurité en général (risque d’attentat), et enfin de l’accès à des produits dangereux. Il formule ainsi 19 propositions, axées autour de quatre grands thèmes : la formation et la sensibilisation, d’abord, mais aussi la représentation des cultes à l’hôpital, les pratiques médicales et les questions de gouvernance.
Au cours de son état des lieux, l’urgentiste s’est appuyé sur cette définition de la radicalisation : “Tout extrémisme potentiellement violent à contenu politique ou religieux, visant par là au premier chef la radicalisation islamiste, compte tenu du contexte post-attentats dans lequel est plongé notre pays, mais sans exclure d’autres types possibles de radicalisation”. Formation et sensibilisation Le rapport s’ouvre donc sur dix mesures portant sur la formation et la sensibilisation à cet enjeu. Le Dr Pelloux recommande notamment de rendre obligatoire la signature d’une charte de la laïcité lors de toute embauche et d’imposer un principe de neutralité pour tous dans l’enceinte des établissements de santé. Outre le lancement d’une campagne de communication sur le numéro de signalement de la radicalisation, il mise également sur le renforcement du contrôle des personnels hospitaliers et une meilleure diffusion des informations sur les profils à risque. En complément, il recommande de développer une méthode à destination des RH et des services juridiques pour les aider à traiter les signalements. Enfin, il appelle à renforcer la formation initiale et la formation continue. Représentation des cultes à l’hôpital Il faut commencer par actualiser le cadre juridique des aumôneries hospitalières et proposer un débat sur l’évolution de leur financement, préconise le Dr Pelloux. En parallèle, il recommande de renforcer l’encadrement des associations intervenant dans les hôpitaux et encourage la création de lieux de cultes partagés. Pratiques médicales Sur ce point, le Dr Pelloux appelle à réaffirmer la primauté du soin en renforçant les dérives médicales. Point essentiel absent de son état des lieux initial et qui lui avait été reproché par le SML lors de l'annonce de sa mission, la surveillance et la réflexion sur le secteur libéral sont au cœur de ses propositions. Gouvernance Enfin, le Dr Pelloux recommande de fusionner et renforcer le rôle des référents radicalisation et laïcité au sein des ARS, ainsi que d’améliorer le circuit de traitement des signalements.
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