justice

Centre du don des corps : quatre mises en examen dans l'affaire du "charnier" de Paris-Descartes

L'université de Paris, qui a absorbé Paris-Descartes, son ancien président Frédéric Dardel et deux préparateurs sont mis en examen pour "atteinte à l'intégrité d'un cadavre" dans cette affaire, révélée fin 2019.

24/02/2025 Par Chloé Subileau
Ethique
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Les juges d'instruction parisiens enquêtant sur les conditions indécentes de conservation de dépouilles au Centre du don des corps (CDC) ont terminé vendredi 21 février leurs investigations, a appris l'AFP de sources proches du dossier. L'université de Paris, nouvelle entité ayant absorbé Paris-Descartes, l'ancien président Frédéric Dardel, ainsi que deux préparateurs, ont été mis en examen pour "atteinte à l'intégrité d'un cadavre".

Cette affaire avait été révélée fin 2019 par L'Express, et une enquête judiciaire avait été lancée dès le lendemain. Outre les conditions glaçantes de conservation, l'hebdomadaire décrivait des soupçons de marchandisation des corps. Ces révélations avaient conduit la ministre de l'Enseignement supérieur à ordonner la fermeture du "temple de l'anatomie française", fondé en 1953, et une enquête administrative avait conclu que l'université Paris-Descartes était responsable de "graves manquements éthiques".

Aujourd'hui, Frédéric Dardel, ancien président de l'université, est poursuivi pour ne pas avoir pris les "mesures efficaces […] afin de remédier à la situation matérielle dans laquelle se trouvait le Centre du don des corps" entre novembre 2016 et décembre 2018, détaille une source judiciaire. Et ce, "malgré les alertes répétées […] décrivant l'état de décomposition avancée de centaines de corps humains", "leur entassement dans des conditions indignes, en présence de rongeurs", poursuit la même source.

Deux préparateurs poursuivis

Contactée par l'AFP, son avocate, Me Marie-Alix Canu-Bernard, n'a pas souhaité s'exprimer.

Les deux préparateurs sont poursuivis sur une période plus large. Le premier, âgé de 49 ans, est mis en examen pour avoir "porté des coups de couteau" et "laissé volontairement les corps à la merci des rongeurs", entre novembre 2013 et janvier 2018, selon la source judiciaire. Son avocat n'a pu être joint par l'AFP.

Le second, 81 ans, est poursuivi pour avoir "conservé des ossements […] dans des conditions indignes" et "dans un but privé" entre novembre 2013 et décembre 2020. Son avocat, Me Saveriu Felli, a fait valoir auprès de l'AFP que ce préparateur avait exercé "un métier difficile, certainement insupportable pour la grande majorité des êtres humains". Il a "toujours exercé dans le cadre d'un lien de subordination hiérarchique", a assuré son avocat.

L'université de Paris est, de son côté, poursuivie sur une période postérieure à l'ouverture de l'information judiciaire. Elle est mise en examen pour avoir conservé au sein de ses locaux des "ossements" dans "des conditions contraires à la dignité des cadavres" entre janvier et décembre 2020. Son avocat, Me Patrick Maisonneuve, n'a pas commenté à ce stade.

Le Pr Guy Vallencien, urologue, pour lequel les parties civiles espéraient une mise en cause, a lui été entendu comme témoin simple.

Cette étape marque l'ouverture d'un délai pour que les parties fassent des observations, que le parquet prenne ses réquisitions, et que les magistrats instructeurs décident du renvoi, ou non, des personnes poursuivies. "Mes clients attendent que ces mis en examen, présumés innocents, soient renvoyés devant le tribunal correctionnel pour qu'ils s'expliquent", a souligné Me Frédéric Douchez, qui représente plus de 100 parties civiles sur les 150 constituées. "Nous espérons des poursuites qui permettront de contribuer à réparer le traumatisme causé par cette indignité", a abondé Me Arié Alimi, avocat d'une partie civile.

[avec AFP]

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